Alexandre Aja, 2010 (États-Unis)
Si les studios d’Hollywood ont perdu l’inspiration pour faire du neuf avec l’épouvante, préférant réaliser des remakes de qualité plus ou moins inférieure, ils ne sont par contre pas à court d’idée pour remplir les salles. C’est bien vrai que la 3D peut être l’avenir du genre.
Piranha 3D est donc une nouvelle version du film de Joe Dante (sorti en 1978). Cette série B racontait la fuite de poissons mutants d’une base secrète de l’armée et dévorant tout sur son passage. L’histoire était simpliste et surfait sur le succès des Dents de la mer de Steven Spielberg (1975 ; Richard Dreyfuss apparaît d’ailleurs devant la caméra d’Aja). Mais c’était terriblement efficace et cela avait eu son petit succès. A noter qu’un deuxième volet (Piranhas 2 : les tueurs volants) avait été réalisé en 1981 par un certain… James Cameron.
C’est donc Alexandre Aja qui a hérité du remake. Le Français est un habitué car on lui doit celui réussi (et c’est rare !) de La colline a des yeux (2006) et Mirrors (2008). En fait, Piranha 3D n’a rien à voir avec Piranhas de Joe Dante. Cette fois-ci, c’est un tremblement de terre qui ouvre une faille dans laquelle étaient enfermés des milliers de poissons préhistoriques censés avoir disparu. Libérés, ils se dirigent vers une baie où sont rassemblés des milliers d’étudiants venus fêter Pâques (Spring break à Lake Victoria). L’horreur peut commencer.
Alexandre Aja a déclaré vouloir faire du pur divertissement. Ainsi pour ses personnages, volontairement, il n’hésite pas à pousser les clichés vers le plus extrême. Les garçons ne sont donc que des ivrognes et des crétins sans cervelle. Les filles sont toutes des bimbos tout droit sorties des magazines. Le réalisateur a fait appel à des actrices du milieu pornographique (Riley Steele). D’autres viennent des séries télé (Kelly Brook, Jessica Szohr…). Le scénario est quasi inexistant. Tout est basé sur l’action, les gags et le gore.
Évidemment, l’histoire prise au premier degré, on sort de la salle effondré de tant de bêtise. Mais avec du recul, et toujours à condition d’être amateur du genre, on passe un bon moment. Les scènes gores, nombreuses sont en fait plus marrantes qu’effrayantes (celle avec le phallus, en 3D, fallait la trouver). Les effets spéciaux et la troisième dimension sont tout à fait honnêtes (petit coup de cœur pour la scène de la caverne, très réussie). En bref, ce film marque le retour du cinéma gore décomplexé où sexe et horreur font bon ménage. Si la recette n’est pas nouvelle, elle donne au moins un second souffle au genre.
Bonjour, c’est le genre de film que je fuis (je suis trop impressionnable) et d’autant plus, s’il est en 3D. Je fuis encore plus. Bonne après-midi.
Je risque d’avoir du mal à « prendre du recul » et ne pas considérer ça comme un film d’une bêtise sans nom. Rien que la b-a m’a fait tiquer. Pourtant j’ai apprécié (modérément) Mirrors, La colline ou même Haute tension – malgré son final incohérent.
Tu confirmes ce que j’avais entendu dire sur le film, je pense que j’irai le voir.
On sent en effet que Aja s’est amusé. On prend toujours un malin plaisir à vérifier que la bimbo qui montre ses « nibards » plus que les autres et cet autre couillon plus vicelard que la moyenne finiront dans un bain de sang. Et des bimbos, et des vicelards, dans un spring break, il y en a des quantités. Le chiffre de 20000 est avancé dans le film, tous amassés sur les bords du faux lac Victoria, vrai lac Havasu en Arizona.
C’est aussi vrai que l’on ne va pas bien loin : une famille monoparentale complètement préservée avec une mère shérif (que l’on aurait très bien pu voir retirer aussi le t-shirt, mais non elle est mère de famille, ça ne se fait pas), le grand qui a bien retenu la leçon (plus de porno ni en bateau ni sur son ordi), les deux enfants que l’on aura préservé bien sûr de toute cette sauvagerie et des « Wild Wild Girls » en particulier. Et pour compléter le casting évoqué, côté messieurs cette fois, on note la présence de Jerry O’Connell en vilain garçon (Scream 2 notamment), Ving Rhames à la moulinette à poissons (le collègue balaise de Cruise dans Mission Impossible) et Christopher Lloyd dans un rôle de vieux scientifique qui lui va bien sûr à ravir. Si l’on ajoute enfin quelques clins d’œil bien placés, des bébés piranhas façon Alien, ou un travelling compensé façon Dents de la mer, on peut dire qu’Alexandre Aja remplit bien sa mission. Alors alors à quand Cobra ?