Spring breakers

Harmony Korine, 2012 (Etats-Unis)

On ne peut nier une recherche de forme. Mais Spring breakers reste un petit film de genre. C’est un peu un mélange entre True romance (Scott, 1993) pour l’histoire (des presque marginaux qui se frottent à de vrais vilains) et pour le look de James Franco (très réussi et très inspiré de celui de Gary Oldman) et Requiem for a dream (Aronofsky, 2000) pour les intentions formelles. Le montage est nerveux, clippé, et cherche à simuler par différents artifices l’état de trip, d’ivresse ou l’extrême excitation des filles dans les débauches entre étudiants et dope boys. La partie spring break du film se livre moins à une critique (d’ailleurs largement dévalorisée par la suite du scénario qui abandonne totalement le sujet) qu’à une occasion de montrer et remontrer ces orgies d’étudiants décérébrés, imbibés et libidineux. Les cadrages, les couleurs et les sons retravaillés tentent ensuite de marquer une distance prise par le réalisateur avec ce qui semble d’abord être le sujet, Korine laisse donc entendre le dérapage, l’effet pernicieux de ces fêtes impies en maillots et bikinis. Mais on reste à deux centimètres des fesses et on est tout autant éclaboussé d’alcool que tous les seins exhibées. La distance est donc feinte ou ratée. La partie gangsta du film, elle, est plus correcte mais sans originalité : évocation de Scarface (De Palma, 1983), chez un malfrat en Floride sur un lit de flingues et de pognon, rivalité entre deux clans qui se solde par une fusillade énorme dans une villa de luxe… Dans ce final, Korine élimine rapidement le rappeur dealer soi-disant protecteur (tué par le premier garde venu), ce qui n’est pas mal, et sauve les deux filles les plus allumées (Vanessa Hudgens et Ashley Benson) : elles franchissent une pluie de balles tout en se trémoussant le derrière. On s’interrogera d’ailleurs sur la scène qui précède, une scène complètement hallucinée où, devant un piano blanc et une piscine avec vue sur la mer, les filles dansent fusils mitrailleurs au poing et cagoules roses sur la tête tandis que James Franco chante un titre de Britney Spears… Finalement les filles en bikinis avec des gros calibres resteront des filles en bikinis avec des gros calibres.

Une réponse à “Spring breakers”

  1. Sans doute le film le plus surestimé de 2013. 1h30 de films, 45 mn de nanas en bikinis qui se trémoussent ensuite on pense que ça va s’étoffer avant de finir avec des Nikita qui flinguent comme si elles étaient des pros… N’importe quoi aussi racoleur que vide… 0/4

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