Sunhi (U ri sunhi)

Hong Sang-soo, 2013 (Corée du Sud)

 

RÊVERIES AUTOMNALES ET POÉTIQUE AMOUREUSE

 

Rêveries automnales du réalisateur coréen, Hong Sang-soo, Sunhi dépeint avec fraîcheur et candeur la vie d’une jeune étudiante. Entre dialogues amoureux et humour grinçant, le cinéaste réalise un long-métrage plein de poésie.

Sunhi, étudiante en cinéma, vient chercher chez son ancien professeur et amant, une lettre de recommandation qui l’aidera à partir aux États-Unis. Juste avant, elle rencontre deux autres hommes qu’elle a aimés. Très proche des petites saynètes chères à Woody Allen, Sunhi reprend le modèle déjà existant des films d’amour sans prétention. Détachée et emportée, Sunhi est un personnage complexe, jamais totalement claire, jamais totalement sûre d’elle. Le comique de situation récurrent se développe tout en subtilités. Les situations cocasses s’entrecroisent pour le plus grand plaisir du spectateur. Ce marivaudage décline des rencontres qui oscillent entre son sens de la manipulation et la sincérité naïve de ses soupirants. La dissimulation est aussi l’un des ingrédients majeurs de cette amourette à quatre soigneusement cloisonnée ; le mensonge est souvent requalifié en blague.

 

UNE LÉGÈRETÉ TOUTE RELATIVE
Hong Sang-soo est un réalisateur très productif. Tourné en six jours, Sunhi, U ri Sunhi en coréen, ne bouleverse pas par l’originalité de la mise en scène. Les plans majestueux des espaces naturels de Séoul rappellent des peintures expressionnistes. La photographie du film met en valeur une esthétique soignée. La bande originale est aussi l’un des gros points forts. Les airs de piano entrainants et presque enfantins ponctuent délicatement chaque scène. Cependant, l’organisation de la mise en scène est inégale. Les plans fixes d’une dizaine de minutes se succèdent dans différents lieux de la capitale sud-coréenne. Manquant d’ampleur et de souffle, Sunhi est lisse et manque de rythme. Ni tout à fait semblables ni suffisamment distincts, les lieux et les situations se multiplient et se réorganisent autour des face à face, ponctués par un usage perturbant du zoom.

L’intrigue n’est pas vraiment le point fort du long-métrage. Ce serait même la marque de fabrique de l’auteur, décliné dans toute sa filmographie. Si le premier jugement est parfois trompeur, le récit semble maladroitement puiser son inspiration ailleurs. Entre les rapports humains compliqués et la thématique récurrente de l’alcoolisme, Hong Sang-soo semble questionner les craintes d’une société vis-à-vis de problématiques profondément humaines.

À première vue, ce « carré amoureux » incertain et maladroit place Sunhi en maîtresse du jeu. Cependant, un message caché est bien présent. Sunhi est un film léger et drôle qui narre un récit quasi autobiographique.

François Boulard pour la 35e édition du Festival des 3 Continents

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