La môme

Olivier Dahan, 2007 (France)




La môme a ouvert à Marion Cotillard les portes d’Hollywood. Pourquoi ? Qu’est-ce que le public et surtout le public américain a tant aimé dans cette œuvre laide et morose ?

D’abord c’est la biographie d’une chanteuse populaire, Edith Piaf, qui n’apparaît pas aux États-Unis sans sa tour Eiffel en arrière-plan (voir l’affiche américaine). Ah ! Paris… Et pour montrer qu’il n’y a pas erreur sur la marchandise, le talent de Piaf est révélé avec La Marseillaise, la première chanson qu’elle interprète alors qu’elle est petite fille au milieu de la rue, devant des badauds gonflés par la fierté patriotique (le contexte d’après-guerre favorise certainement le sentiment mais l’excuse n’est pas suffisante). Mesdames, Messieurs, Edith Piaf est une artiste française !

Ensuite, la môme a essayé de percer outre-Atlantique et y a décroché gloire et succès (radio, chansons en anglais, concerts). La construction du film suit d’ailleurs les allées et venues de l’artiste entre la France et les États-Unis (Dahan n’oublie pas d’inclure un plan avec la bannière étoilée). De cette façon, le réalisateur rapproche les deux pays et prête un peu l’artiste à l’ami ricain.

La môme est une biographie larmoyante. Même si le montage alterné est assez travaillé (l’enfance miséreuse et l’ascension dans les cabarets parisiens présentées en même temps que la déchéance du personnage), Dahan n’a pas peur d’alourdir la grisaille de la vie racontée : les malheurs de la petite fille aux parents suffisamment horribles sont aggravés par une séparation déchirante filmée au ralenti, une maladie aux yeux nous fait craindre la cécité totale (heureusement non, « elle voit ! »)… Comme c’est mal fait. Et au lieu de ménager au spectateur quelques moments de répit, en nous ramenant aux années 1950 ou 1960, c’est une femme droguée, décrépie et acariâtre que l’on commence à détester. Ce montage alterné ferait donc partie des erreurs. Ce procédé, en outre, occulte la rencontre de Piaf avec Louis Barrier (Pascal Greggory), c’est un détail.

Les Américains raffolent des performances d’acteurs (Charlize Theron dans Monster de Patty Jenkins, 2004, Brad Pitt dans Benjamin Button de Fincher, 2008 et pour évoquer deux légendes, Brando en Parrain, Coppola, 1972, et De Niro dans Raging bull, Scorsese, 1980). Alors forcément Cotillard faisant semblant de chanter en exagérant des mimiques qui passent mal sous la tonne de maquillage, ça plaît. Mais quelle horreur ! Elle donne l’impression de porter un masque et fait ressembler Piaf à Quasimodo (l’actrice nous séduisait dans Public enemies de Michael Mann, 2009). Les autres acteurs sont très mauvais : Sylvie Testud (quel dommage), Clotilde Courau, Emmanuelle Seigner… A tous jouer aussi mal (Depardieu fait exception et Jean-Paul Rouve aurait pu faire pire), on en vient à penser que le problème vient de la direction d’acteur…

La première demi-heure écoulée, les quatre ou cinq titres les plus connues de Piaf sont déjà entendus, sauf La vie en rose (c’est le titre du film sur le marché américain) que l’on entend plus tard pour illustrer l’histoire d’amour entre Piaf et Cerdan. Il faut savoir ne pas gâcher de suite tout le plaisir. Cependant, il n’y a jamais de plaisir. Je passe même sur le grotesque amené par Sainte Thérèse et le merveilleux chrétien qui l’accompagne (encore pour plaire aux Américains).

Avec La môme, le réalisateur des Rivières pourpres 2 (2004), attire 5, 2 millions de Français au cinéma. Aux États-Unis, le film rapporte 10,5 millions de dollars de recettes (troisième gros succès français derrière la Cage aux folles de Molinaro, 1978, et Amélie Poulain de Jeunet, 2000, auquel d’ailleurs, par la photo, certaines scènes ressemblent). En 2008, aux Golden Globes, la belle Marion décroche le prix de la meilleure actrice dans une comédie musicale, ainsi qu’un Oscar (meilleure actrice) et la voilà bientôt aux bras de Johnny Depp, Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis…

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