L’ espion qui m’aimait

Lewis Gilbert, 1977 (Royaume-Uni)




Succédant à Guy Hamilton, Lewis Gilbert reprend les commandes (On ne vit que deux fois, 1967). Moore porte le costume nœud papillon emprunté à Sean Connery depuis quelques années déjà. Dans ce dixième surgissement de Bond hors des pages écrites par Ian Fleming, les soviétiques et les Britanniques ont un contact rapproché grâce à la mise en place entre les gouvernements d’une hot line (le très visuel téléphone rouge). M devient ami du général Gogol. Ils sympathisent au point de partager le même tombeau égyptien… Le contexte international est à la détente.

D’abord une première piste suivie sur skis dans les Alpes autrichiennes, puis l’intrigue nous emmène en Méditerranée, non loin du littoral italien. Un fou aux mains palmées, Karl Stromberg (Curd Jürgens), encore un Allemand, projette à coup de missiles nucléaires d’éliminer l’humanité de la surface terrestre pour construire, à partir de sa base Atlantis, une civilisation sous-marine. Il est aidé de Requin, l’homme aux dents de métal (l’impressionnant Richard Kiel, revu dans Moonraker en 1979 ; appelé Jaws dans la version originale, c’est-à-dire « Mâchoires »). Alors que la trame de fond se déroule, la Russe et pulpeuse Anya Amasova, alias « triple X » (Barbara Bach), tombe amoureuse de l’espion qui a tué l’espion qu’elle aimait. Pourtant, ni ce meurtre, ni ses désobligeantes réflexions sur les femmes au volant ne suffisent à effacer le charme naturel de 007. C’est ainsi, pour le commandeur, la détente est aussi charnelle…

Les commentaires de Bond sont souvent misogynes et sa familiarité avec les Arabes croisés ne sont pas sans rappeler l’attitude d’Hubert Bonisseur de La Bath, l’agent sans gêne des Services stratégiques français (OSS 117, Le Caire nid d’espions Michel Hazanavicius, 2006). Bond prend un serveur par le bras et lui demande sèchement un renseignement, le tout sans un « pardon » ou un « merci ». De plus, l’humour très présent reste assez faible. Dans la séquence finale, les bleus affrontent les rouges. La fin de la Détente est proche et les vieux réflexes refont surface. Les hostilités sont réaffirmées avec l’intervention de l’Armée rouge en Afghanistan en 1979 et, dans la série, un peu plus tard, après une petite folie spatiale, dans Rien que pour vos yeux de John Glen (1980).

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