Rumours, nuit blanche au sommet

Guy Maddin, Evan et Galen Johnson, 2024 (Canada, États-Unis)

Le G7 se réunit une nouvelle fois. Dans le château de Dankerode, sept démocraties réunies autour de valeurs humanistes, comme ses hauts représentants se plaisent à le présenter, ont pour objectif la rédaction d’une « déclaration provisoire », fruit de leurs échanges diplomatiques nourris. Les chefs des sept États du Nord les plus riches sont censés discuter de grands problèmes internationaux. Mais les premières réflexions accouchent de tout autre chose : de notes succinctes que nous ne sommes pas sûrs de bien comprendre et surtout d’un long développement sur un projet de cadran solaire géant. Sous le kiosque en plein parc, le président français (Denis Ménochet) est content : rien à dire, ils ont bien bossé.

Toutefois, l’autosatisfaction ne dure qu’un temps. Quand les domestiques ne viennent plus servir, c’est l’inquiétude. Les premiers ministres canadien, britannique, italien et japonais (Roy Dupuis, Nikki Amuka-Bird, Rolando Ravello, Takehiro Hira), le président des États-Unis – qui d’emblée affirme que le G7 ne sert à rien – (Charles Dance), la chancelière allemande (Cate Blanchett) et le président français paniquent. Un cri horrible dans les bois et quelques histoires sentimentales au sein du groupe regroupent ou partagent la noble assemblée. Des zombis de l’Âge du Fer réveillés de leur tourbière, un cerveau géant posé là (éventuellement celui du génie politique retrouvé) et une IA chargée de chasser les pédophiles transforment le sommet en apocalypse.

Tout est drôle sans l’être vraiment et, probablement à la manière des accords décidés lors des véritables réunions du G7, aucune des pistes engagées par le scénario n’aboutit (pas même le surgissement de la présidente de la Commission européenne). Les dialogues amusent davantage que les situations (les zombis contestataires en sont-ils même s’ils ne portent pas de pancartes ?). Mais si le spectateur n’accepte pas la surenchère grotesque et la drôle d’ambiance, le film va vite déconcerter. Dans ce délire surréaliste, les réalisateurs suivent pourtant un fil : la déclaration que les sept doivent produire. Et c’est bien sur cette capacité à travailler conjointement pour ne rien dire que Rumours s’achève. Le discours bricolé (mais prononcé avec emphase) dans la scène finale achève la démonstration du naufrage politique international : soudain ragaillardis par la parole creuse, les leaders au balcon font face à des macchabées flasques qui se masturbent [sic], peut-être en signe d’approbation, ce dont les paléo-anthropologues débattent encore.

Une réponse à “Rumours, nuit blanche au sommet”

  1. Très déçu, grotesque et absurde j’en veux, mais au final il n’y a pas grand chose sur le fond, et ça devient plus pathétique qu’autre chose. Les parties discours « avec emphase », ok j’acquiesce, pour le reste, c’est assez vain et inepte.

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