Obscénité et vertu

Madonna, 2008 (Royaume-Uni)




Filth and wisdom pourrait être la suite de Cradle of fear (Alex Chandon, 2001), le premier nanar gore de Dani et sa bande (le groupe Cradle of Filth). Il n’en est rien puisqu’il s’agit évidemment du premier long métrage de Madonna. Pas vraiment le même monde musical, mais si Madonna et Cradle of Filth ont des goûts communs pour le sexe et la perversion… Ou dans ce cas : pour l’obscénité mais aussi la vertu.

J’avais un peu peur que la reine de la pop nous ressorte ses fantasmes de vieille perverse époque Erotica avec tout un attirail sado-maso oscillant entre glauque et glamour… Bref, un nouveau prétexte pour étaler sur grand écran ses ambiguïtés sur le sexe et la religion. Il n’en est rien. Le mauvais goût n’est pas de mise et même les scènes montrant divers scénarios SM sont plutôt marrantes ! Certes, Obscénité et vertu n’est pas non plus un film très sage mais ici rien de sordide. Bien au contraire, ce film est plein de vie et tourné avec sensibilité. Madonna fait un film imparfait, assez éloigné de son univers habituellement mégalo et démesuré, mais plutôt attachant.

On y trouve trois personnages très attachants, colocataires, qui ont chacun leur rêve mais dont les difficultés du quotidien les plongent dans une toute autre réalité. Ainsi AK, sorte de gitan punk, marginal, déjanté, poète et philosophe veut à tout prix réussir avec son groupe (il joue en fait son propre rôle puisque c’est le leader du groupe Gogol Bordello, sorte de punk rock des pays de l’Est dans la lignée du No Smoking Orchestra d’Emir Kusturica ; belle publicité pour sa musique, à coup sûr beaucoup vont se jeter sur ses disques après l’avoir vu sur grand écran !)… Mais pour le moment il gagne sa vie comme gigolo sado-maso. Juliette collecte des fonds avec l’espoir de pouvoir venir un jour en aide aux enfants africains, orphelins et souffrant de famine… En attendant, elle bosse dans une pharmacie tenue par un Indien lui aussi assez atypique, et semble en froid avec sa famille. Enfin, Holly nourrit des rêves de danseuse de ballet mais, pour gagner de l’argent, décide de travailler dans une boîte de strip-tease, ce qu’elle trouve forcément humiliant au début.

La vie mouvementée de ces trois personnes se mêle à leurs rêves et à leurs désillusions, à leurs joies toutes simples, à leurs doutes et à une souffrance commune liée à leur enfance. Madonna se devine évidemment un peu dans chacun d’entre eux ; même si je ne suis pas un grand spécialiste de la chanteuse il est évident qu’elle dévoile là ses différents aspects, en parlant à travers eux de son enfance, de ses débuts dans la musique, de son goût pour la provocation et de son ambivalence entre le bien et le mal. Car le sujet du film est là : le bien et le mal, la lumière et l’obscurité, l’obscénité et la vertu…

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