Halloween Kills

David Gordon Green, 2021 (États-Unis)

Un nouveau pépin dans la citrouille ? Halloween Kills prolonge la nuit de Halloween (2018), exactement à la manière des deux premiers épisodes de la série La nuit des masques (1978) et Halloween 2 (1981). Reprenant des personnages abandonnés dans la version précédente, en ramenant d’autres à la vie, par le nombre de situations et de protagonistes, cette suite laisse rapidement place au chaos.

Cette fois toute la ville d’Haddonfield décide de se lever contre le tueur masqué, Laurie blessée passe au second plan (Jamie Lee Curtis), sa fille et petite-fille sont à peine plus présentes (Judy Greer, Andi Matichak). Il ne reste rien ou si peu dans l’histoire de la question de genre abordée dans le film précédent. Bâte de baseball, crosse de hockey, fusils et couteaux de toutes tailles, les citoyens vigilants s’arment et créent des mouvements de foule dangereux. Tout d’un coup le film prend l’allure d’une autre production Blumhouse, American Nightmare. Comme dans Halloween 2, l’hôpital devient le décors principal d’une longue séquence. Les citoyens qui ne croient plus en la police et veulent se faire justice eux-mêmes sèment la panique, transforment un hôpital en un lieu de lynchage et provoquent le suicide d’un innocent. Ça ne leur suffit pas, ils retrouvent Michael Myers pour le mettre au sol et l’achever une bonne fois pour toute. Croient-ils. Le film dit leur radicalité tout autant que leur inefficacité. On ne tue pas Michael Myers. C’est lui qui tue et il massacrera tous ces bons citoyens qui ont fait cercle autour de lui.

Michael Myers est présenté comme un croque-mitaine (boogeyman). Il est une métaphore de la peur. Ce que redit Halloween Kills, c’est que la peur est dangereuse, c’est elle qui peut entraîner des situations dramatiques et cet aspect-là du film est intéressant. La communauté d’Haddonfield vit dans l’insécurité et, à cause de la peur, elle agit sans raison jusqu’à commettre elle-même des horreurs.

Toutefois, l’horreur dans ce volet est poussée à l’extrême. Ce que l’on voit à l’écran m’est encore supportable, mais les actes eux-mêmes sont abominables. Le tueur transforme tout un groupe de pompiers en chair à saucisse. Les victimes agonisent, les coups de couteau sont répétés à l’envi, notamment sur un corps déjà mort. Bref, la violence est gratuite. En outre, les assassinats sadiques (avec mise en scène de la part du tueur et donc du réalisateur) commis sur un couple noir et sur un autre homosexuel interrogent. David Gordon Green, le réalisateur, fait exister ces personnages et paraît donc insister dessus. C’est ce qui dérange le plus et je n’ai pas vu dans le récit de quoi atténuer le mauvais goût laissé par ces scènes (il y a bien un autre couple qui se fait trucider, un vieil homme blanc et une femme noire, mais ceux-là n’ont pas droit à la même insistance). Après le succès de Halloween version 2018, David Gordon Green a signé pour deux suites. Halloween Kills fait transition. On verra bien si les critiques remarquées se rapportant notamment à l’homophobie de Michael Myers influenceront d’une façon ou d’une autre Halloween Ends (2022).

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