Comme elle respire

Pierre Salvadori, 1998 (France)

Après la classe assassine de Cible émouvante (1993) et la précarité loufoque des Apprentis (1995), Pierre Salvadori avec Comme elle respire ne parvient pas au même équilibre. Ce qui appartient à l’entreprise criminelle amuse, même si, brinquebalante, on ne sait pas trop où elle nous mène. Et davantage que l’enlèvement de la mythomane sévère, ce sont plutôt les personnages des truands eux-mêmes qui provoquent le rire : Marcel et Barnabé, approximations et vestes en cuir dans leur panoplie (le duo bien trouvé, Jean-François Stévenin et Serge Riaboukine) flanqué d’un Antoine aux mauvais coups (Guillaume Depardieu), marginal à l’engagement hésitant, car longtemps partagé entre le fric et les sentiments. La scène la plus drôle est un enlèvement avec trois encagoulés en collant à motifs, improvisant leur programme entre menaces et chantage devant la séquestrée complètement déphasée. Cependant, Jeanne, que joue Marie Trintignant, emporte tout dans son errance triste. La menteuse n’existe qu’à l’intérieur de ses mensonges généreusement partagés, et ses fêlures (notamment à travers le regard des parents) comme son incapacité à se fixer (l’histoire qui se cherche difficilement une fin en Corse) assombrissent le film au point de nous laisser un peu défaits.

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