Le chien des Baskerville

Terence Fisher, 1959 (Royaume-Uni)




Grâce à Terence Fisher (The curse of Frankenstein, 1957), la Hammer s’autorise dès la fin des années 1950 à préférer les créatures des marrais et des cimetières aux extraterrestres (Le monstre de Val Guest, 1955). Adaptation sur toile d’une célèbre enquête de Holmes, Le chien des Baskerville fait aussi partie des nombreuses reprises colorées inspirées par les vieilles bobines horrifiques des années 1930 (ici trésor de la 20th Century Fox, Le chien des Baskerville de Sidney Lanfield, 1939). L’injonction « Do not go out onto the moor alone at night » crée l’opportunité de décors (l’ancienne abbaye, le manoir) et de teintes (nuit américaine et rouge vif) propices au fantastique qui, sous les pas du détective, court comme une mauvaise herbe [1]. La lande traversée et les hurlements dans la nuit font de la bête le beau bâtard du Loup-garou de Waggner (1941) [2]. Christopher Lee (pour une fois victime), Peter Cushing (Sherlock Holmes) [3], André Morell (l’indifférent docteur Watson) (sur)jouent leur personnage comme il se doit. Contre le Mal qui serpente tout au long de l’histoire, Holmes oppose la raison et son sens aigu de l’observation. Tarentule et molosse n’ont qu’à bien se tenir…





[1] A la photo et à la direction artistique deux fidèles du réalisateur, Jack Asher et Bernard Robinson. L’atmosphère brumeuse marque l’esprit de Tim Burton (Sleepy hollow, 1999).
[2] Gans engendrera à son tour une vile progéniture du chien de Fisher (Le pacte des loups, 2001).
[3] L’excellent duo Lee – Cushing se reforme pour huit films au total : Horror of Dracula (Fisher, 1958), The mummy (Fisher, 1959), La gorgone (Fisher, 1964), Dr. Terror’s house of horrors (Freddie Francis, 1965), Scream and scream again (Gordon Hessler, 1969), Dracula A.D. 72 (Alan Gibson, 1972), The satanic rites of Dracula (Alan Gibson, 1974).

6 commentaires à propos de “Le chien des Baskerville”

  1. Elle n’est pas mal du tout, d’après mes (vieux) souvenirs, cette adaptation du Chien des Baskerville. En tout cas, les films de la Hammer et en particulier ceux de Fisher auront indéniablement marqués le genre fantastique et ce bien qu’ils soient extrêmement inégaux. Christopher Lee a été un Dracula de référence (lui apportant cette dimension aristocratique) et chacune de ses apparitions (notamment chez Tim Burton dans Charlie et la chocolaterie) sont très connotés par ce rôle. Coppola, dans son Dracula – film, avant tout, sur l’histoire du cinéma -, rend également hommage aux œuvres de la Hammer.

  2. Bela Lugosi jouait déjà le noble dans Dracula (1931) ou le riche aristocrate dans Return of the vampire (1944).

    Mais tu as raison sur ces rôles collant à la peau de leurs interprètes.

    Quoi qu’il en soit, dans ses meilleures productions, la Hammer offrait un fantastique prêt à déplumer n’importe quel cygne de passage.

  3. Oui, je connais assez bien les productions « vampiriques » et avais d’ailleurs écrit une série sur le personnage du vampire dans l’histoire du cinéma (avec des textes sur le Nosferatu de Murnau et le Dracula de Coppola).
    Mais, si Lugosi incarnait déjà un Dracula aristocratique, son jeu est tout de même très limité et prête plutôt à sourire (notamment quand il roule le « R » en disant « I’m Dracula« ). D’ailleurs, le film de Browning (qui peut être excellent comme il le montre avec Freaks), très figé (c’est une de ces pièces de théâtre adaptées au cinéma), jouit d’une réputation infiniment trop flatteuse à mon goût. Le comparer aux chefs-d’œuvre de Murnau, de Dreyer, de Herzog et de Coppola, m’apparaît comme un non-sens. Il est même plus faible que la plupart des Dracula de Fisher. Vrai/faux film de vampire, La marque du vampire (1935) de Browning avec Lugosi est plus intéressant aussi que leur Dracula commun.
    Aussi, est-ce bien, à mon avis, Christopher Lee qui a imposé l’image (finalement la plus classique) du Dracula aristocratique. Dans le genre, il est parfait. Y compris quand il tourne en dérision ce rôle qui l’a rendu célèbre dans la comédie d’Édouard Molinaro, Dracula, père et fils (1976) dans lequel Bernard Ménez, qui joue le fils, n’est pas mal du tout (Mais, oui !).

  4. Je viens de terminer le livre, et je ne suis pas du tout emballée, ni même enchantée par cette lecture… Vraiment déçue en fait !
    Trop carrée, trop clichée, trop polie : c’est pas assez vivant pour moi… Tant pis !
    Peut-être que le film me plairait davantage ?!

    Si ça t’intéresse, je viens de publier mon avis sur ce livre sur mon blog… Joli article, je reviendrais 😉
    Bonne continuation !!

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