Bruno Podalydès, 2009 (France)
Versailles, rive droite, s’abandonne à l’indolence : dans les locaux d’une entreprise où le personnel s’ennuie (site de rencontres et jeux vidéos remplacent les tableaux chiffrés qui devraient occuper les employés), dans un jardin public et dans un magasin de bricolage à l’enseigne ringarde (« Brico-Dream », tout un programme). Avec ses petits vieux qui jouent au backgammon, ses mères qui s’inquiètent des jurons de leurs enfants, ses papotages, son clochard, et ses petits bateaux téléguidés, le quartier est habité à défaut d’être vraiment animé. Le quotidien manque de relief. C’est vrai que Bruno Podalydès ne nous a jamais habitué qu’aux satires douces et aux éclats engourdis, mais Bancs publics n’est plus ici qu’avachissement.
C’est une petite déception. Il manque un scénario plus solide à Podalydès pour ficeler cet ensemble de saynètes et clore son triptyque (Versailles rive gauche, 1991, et Dieu seul me voit (Versailles-chantiers), 1998). La critique d’une société individualiste doublée d’une société de consommation faite de sots paraît sommaire. Les acteurs forment une longue file et entrent chacun à son tour dans le champ de la caméra, mais leur apparition n’est prétextée que par des lignes de dialogues assez ternes ou regrettables (Thierry Lhermitte, Bruno Solo, mais aussi tous les voisins de cet inquiétant « homme seul »). Quel dommage de voir Bernard Campan, Julie Depardieu ou Micheline Dax dans ces rôles-là. De même, peut-être la faute à une direction d’acteurs un peu molle, on a connu Lauby, Girardot ou Balasko plus inspirées.
Ne mentons pas, Bancs publics provoque quelques éclats de rire (Olivier Gourmet et Denys Podalydès toujours très bons), mais la cohérence fait cruellement défaut. Podalydès aurait dû faire un tour au rayon brico et investir dans un sac de vis pour resserrer le tout. Nous le préférons quand il adapte Leroux (Le mystère de la chambre jaune, 2003, Le parfum de la dame en noir, 2005) ou quand il puise dans ses souvenirs de vacances au bord de l’océan (Liberté-Oléron, 2001).
Je n’ai pas voulu te décourager quand tu l’as mentionné hier à la communauté mais j’ai vu ce film il n’y a pas tellement longtemps (enfin un an ou deux tout au plus) et je n’en ai gardé aucun souvenir. C’est même incroyable à quel point il s’est effacé de ma mémoire…