Tony Kaye, 1999 (États-Unis)
Non seulement le fond de ce premier film est simpliste (c’est un père raciste et « la haine » qui conduisent à l’extrémisme politique de droite), mais Tony Kaye livre aussi une image caricaturale de l’extrême droite américaine. Durant la première heure, ce réalisateur esquisse en deux traits l’idéologie néonazie à laquelle adhère Derek (Edward Norton) et l’influence que celui-ci a sur son petit frère Danny (Edward Furlong). Derek rejette toutes les minorités ethniques qui résident aux États-Unis, chasse l’ami juif de sa mère et dispute un match de basket contre des noirs avec un territoire, le terrain de sport, pour enjeu (la musique symphonique qui accompagne la partie y est démesurément mélodramatique et rend la scène forcément un peu ridicule). La demi-heure qui suit montre comment ce grand frère modèle (qui cache alors ses affreux tatouages sous un sweat-shirt blanc, symbole du héros purifié) a changé de conviction… en prison, et comment il s’y est fait un ami… noir (le noir de la rue sympathique et marrant auquel s’attachent depuis les années 1980 les blockbusters hollywoodiens). Les derniers temps du film développent le drame auquel seul un spectateur très très optimiste peut envisager échapper : la mort de l’un des deux frères.
Le metteur en scène abuse des effets de style (allées et venues entre le noir et blanc des flash-backs et la couleur du moment présent, ralentis à tout va, l’exaspérante caméra qui tourne autour du héros, tolérable dans Die hard et les divertissements qui s’assument mais pas ici…) et souligne de trois traits chacun des symboles utilisés (la douche purificatrice et l’eau qui tombe au ralenti, l’enfant sur la plage et les ailes des mouettes en fin d’histoire). Le film est pompeux et n’a pas grand chose d’historique quelle que soit l’annonce du titre.
Une scène qui restera gravée dans mon esprit : Edward Norton enlevant son T-shirt pour montrer à Elliot Goulde sa croix nazie tatouée sur le torse, et lui disant qu’il n’est pas le bienvenu. C’est un film coup de poing que l’on pourrait montrer dans des collèges et lycées.