Jean-Pierre Jeunet, 1997 (États-Unis)
Ripley morte, c’est, deux cents ans plus tard, du ventre de son clone que les scientifiques extraient la créature qui tant les fascine. Bien que le cinéma pratique le clonage humain depuis longtemps*, ce nouvel Alien voit le jour l’année où est rendue publique l’existence du premier mammifère cloné, la brebis Dolly, depuis naturalisée et mise en vitrine dans un musée. Sigourney Weaver se retrouve dans la peau de la huitième version de Ripley. Les sept autres sont des échecs de laboratoires mis en bocaux pour le cabinet des curiosités du vaisseau spatial, classiques illustrations de nos craintes quant à la manipulation génétique.
Après résurrection, la mutation de Ripley, comme au fil des précédents métrages, se poursuit. Son animalité est affirmée une fois le cocon percé. Sa dangerosité confirmée lors de la partie de basketball. Son hybridation se devine. Tour à tour mère potentielle (Alien, 1979), biologique et adoptive (Aliens, 1986), elle porte l’extraterrestre dans son ventre (Alien3, 1992) puis contre son gré enfante. Son sentiment à l’égard de sa progéniture est partagé entre l’horreur suscitée et l’instinct maternel. Elle finit pourtant par rejeter le fruit de sa propre chair. Ainsi devenue monstre, elle ne peut donc plus tout à fait intégrer le groupe d’hommes. C’est avec l’androïde Call (Winona Ryder) qu’elle tisse alors des liens. L’opposition avec la gente masculine est d’autant plus claire que cette fois-ci l’ordinateur de bord est appelé « père ».
En raison des aliens multipliés et lancés à la poursuite du groupe de mercenaires**, l’histoire hésite entre le parti pris de Cameron et celui de Fincher. Jeunet, cependant, paraît répondre à Fincher. Alors que le réalisateur de Seven (1996) n’offrait que la mort à une humanité corrompue, le scénario servi par Jeunet laisse la vie sauve aux répliques, fussent-elles génétique ou artificielle. Call et Ripley sont les seules à revoir la Terre ; est-ce à dire que cette issue favorable aux femmes de synthèse est moins pessimiste que celle d’Alien3 ?
* Méliès toujours, ou plus contemporain, Multiplicity d’Harold Ramis en 1996.
** Alien 4 expose une autre galerie de portraits : Ron Perlman, Michael Wincott, Dominique Pinon, Dan Hedaya, Brad Dourif.
Houla, désolé, mais je crois que vous faites erreur, Call et Ripley ne sont pas les seules à revoir la Terre, il y a aussi les personnages de Pinon et Perlman (qui dit : « La Terre ? quelle merde ! »), donc tous les hommes ne meurent pas.
Sinon, je ne sais pas trop quoi penser de ce 4ème volet, le monstre hybride est terriblement moche et fait pitié, c’est dommage.
Tu as raison c’est corrigé. Pinon et Perlman sont d’ailleurs les pilotes du vaisseau qui les ramène sur Terre. Les plans montrant Call et Ripley m’avaient davantage marqué au point d’éliminer les autres.
Ceci dit, de tous les hommes, le scénario sauve un estropié et un sauvage (Perlman imite le singe au début du film). L’humanité dans tous les sens du terme ne s’en tire pas indemne.