A colt is my passport

Takashi Nomura, 1967 (Japon)

Entre courses-poursuites et fusillade mêlées de trahison et de complots, A colt is my passport transpose le meilleur du western au pays du soleil levant.

Chargé d’éliminer un chef yakuza véreux, Kimimura, campé par Shishido Joe, se montre d’une implacable précision. Le faciès buriné et le regard acéré de l’acteur nimbent son personnage d’une aura de dangerosité latente. Chaque tir fait mouche, non sans rappeler un certain Lucky luke qui tire plus vite que son ombre… Avec A colt is my passport, le réalisateur Takashi Nomura signe avant tout un hommage non dissimulé aux westerns spaghettis. Le titre met la puce à l’oreille, la bande son encore plus. Entre les sifflements et l’harmonica, impossible de ne pas penser aux films de Sergio Leone et aux musiques d’Ennio Morricone.

Attaché au code de l’honneur, le tueur à gages se tient à ses principes au point de proposer de se sacrifier pour son ami Shun. Il accompagne son offre d’une promesse : « Je ne m’enfuirai pas et je ne me cacherai pas ». Un homme droit, dont le caractère placide et obstiné rappelle rapidement un cowboy solitaire, spécialiste de la gâchette. Le personnage est en complète opposition avec son ex-patron, avide et frivole. Prêt à tout pour de l’argent, l’homme opulent n’hésitera pas à sacrifier ses deux subordonnés pour une alliance avec le gang rival. Sa cupidité est d’autant plus évidente qu’il vit dans le luxe et l’inaction, contrairement à Kimimura, condamné à vivoter de motels en barques pour échapper à ses poursuivants.

Le réalisateur pousse la référence aux westerns jusque dans sa manière de filmer. La scène finale où Kimimura attend une mort imminente, seul au milieu d’un terrain vague caillouteux, évoque avant tout (et à nouveau) la figure du cowboy solitaire en plein désert. Les très gros plans sur les yeux des personnages et les champs-contrechamps entre les différents adversaires se succèdent. Pourtant, pas de saloon ni de chevaux, mais des immeubles et des voitures pare-balles. Retranscrit au pays du soleil levant, le western prend des allures de règlements de comptes mafieux, un signe que le Japon est déjà un pays à la pointe de la modernité. Sorti en 1967, en plein âge d’or des films spaghettis, A colt is my passport allie habilement les clins d’œil aux westerns et l’ambition grandissante d’un pays technologiquement avant-gardiste.




Julie Urvoy, pour Preview,
en partenariat avec La Kinopithèque pour la 33e édition du Festival des 3 Continents

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*