Eden à l’ouest

Costa-Gavras, 2009 (France, Grèce)

Récemment, on a beaucoup parlé (en bien et à juste titre) de Welcome de Philippe Lioret, mais trop peu me semble-t-il de celui de Costa-Gavras sorti quelques semaines plus tôt sur le même thème, l’immigration clandestine. Pourtant, Eden à l’ouest est tout simplement magnifique. Très émouvant. Comme Welcome, le long métrage de Costa Gavras possède cette dimension sociale et politique très prononcée (normal, au vu du sujet et de son réalisateur toujours très engagé et personnellement touché par la question de l’immigration). Il s’en différencie toutefois par sa réalisation et son scénario plus romancé.illusioniste

On y suit le périple d’Elias, un immigré qui, de l’Orient, échoue sur les côtes italiennes dans un club de vacances pour bourgeois nudistes. Il échappe de peu aux autorités et va se mettre en route pour Paris (comme Bilal dans Welcome, il aspire à être joueur de foot… Bon pour lui ce serait alors le PSG et pas Manchester United, ce n’est pas la même ambition !). Eden à l’ouest raconte son voyage et ses rencontres jusqu’à son arrivée dans la capitale pour revoir un magicien croisé lors de son « séjour » dans le camp de vacances… Un magicien ou plutôt… Un illusionniste pour lui qui est plein de désillusions.

Profondément humaine, cette nouvelle œuvre de Costa Gavras pointe du doigt des injustices mais ne juge jamais. Au fur et à mesure de son voyage (c’est quasiment un road-movie), Elias est amené à multiplier les rencontres… Certaines plus agréables que d’autres. Il croise sur sa route la méchanceté, la solidarité, la haine ou la générosité. Le réalisateur aurait très bien pu faire pencher la balance davantage d’un côté que de l’autre pour susciter des réactions telles que « les gens sont vraiment des salauds ! » ou bien « finalement, l’être humain n’est pas si mauvais que ça… » ; mais au final, ces rencontres sont autant heureuses que malheureuses et même si le ton du film est généralement dur, comme l’est la situation du jeune homme, il y a aussi des moments de légèreté et de tendresse.

Le titre Eden à l’ouest a été choisi comme clin d’œil au film A l’est d’Eden d’Elia Kazan (d’ailleurs le prénom du personnage central, Elias, est aussi très proche de celui de ce cinéaste !) sorti en 1955 avec James Dean. Par ailleurs, l’excellent Riccardo Scamarcio (promis a un brillant avenir !) qui joue Elias n’a pas de nationalité propre et la langue qu’il parle au début du film a été inventée dans le but de donner au héros et au propos une certaine universalité. Le choix de l’acteur (dont les dialogues assez courts se comptent sur les doigts de la main !) s’est aussi fait dans ce sens et durant un temps ce fut Emile Hirsch qui avait été pressenti, Costa Gavras ayant même demandé conseil auprès de Sean Penn suite à sa formidable prestation dans Into the wild (2008) !

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