Stanley Kubrick, 1980 (États-Unis)
Quand un maître du cinéma, Stanley Kubrick, adapte un maître du fantastique, Stephen King, le projet a de quoi faire rêver… Jack Torrance, père de famille, est nommé gardien dans un hôtel isolé dans les Montagnes Rocheuses. Il est accompagné de sa femme et de son jeune fils. Ils s’apprêtent à vivre coupés du monde durant le rude hiver. Mais très vite, tout va de travers. Des phénomènes inexpliqués se produisent. Le fils de Jack, Danny, est particulièrement affecté par ces derniers. Il faut dire que le jeune garçon possède des pouvoirs télépathiques très développés. Son inquiétude s’agrandit quand il se rend compte que son père paraît littéralement possédé par l’hôtel et lorsque ses instincts meurtriers se réveillent.
Auteur prolifique, Stephen King jouit aujourd’hui d’une notoriété mondiale. On ne compte plus les adaptations cinéma et télévisées plus ou moins réussies de ses œuvres. Ayant lu le roman avant d’avoir vu le film, j’avoue avoir été un peu déçu par le long métrage de Kubrick. En effet, des pans entiers du livre ont été supprimés (dont la scène des buis d’animaux reprenant vie). La psychologie des personnages est beaucoup plus fouillée dans le roman. De plus, le dénouement est quelque peu différent quand on compare les deux œuvres.
Reste que le film de Stanley Kubrick est un modèle de terreur et de suspense. La musique et les effets sonores sont des plus angoissants. Certaines séquences sont vraiment flippantes (Wendy dans la baignoire et Jack toutes dents et toute lame dehors à sa porte). Jack Nicholson est comme souvent époustouflant, ici dans le rôle du père de famille sombrant peu à peu dans la folie. J’ajouterai qu’il a réellement porté le film vers le succès grand public que l’on connaît. Il est d’ailleurs bien plus crédible que Shelley Duval jouant son épouse Wendy (actrice surtout connue pour avoir repris le rôle d’Olive dans l’adaptation filmée de Popeye par Robert Altman en 1981). Shining est un grand film d’épouvante mais, chose fréquente avec les adaptations, on peut être déçu si l’on a apprécié le livre.
Serait-ce un peu de provocation de ta part que de préférer offrir le point de vue du lecteur plutôt que celui du spectateur ?
Certes différemment que dans le Madison d’Eastwood, mais c’est tout de même faire du très grand cinéma avec de la toute petite littérature, non ?
Non, ce n’était pas de la provocation. Je disais simplement que le roman était beaucoup plus dense et je regrette que certaines séquences n’aient pas été intégrées au film.
A noter, l’influence « labyrinthique » reconnue de Resnais avec L’année dernière à Marienbad (1961) sur Shining.