Wes Craven, 2010 (États-Unis)
Tourné avant Scream 4 (2011) mais sorti après sur les écrans français, My soul to take a été écrit, réalisé et produit par Wes Craven. Alors qu’il ne s’était plus basé sur un de ses scénarios depuis le septième chapitre (réussi) de Freddy (New Nightmare, 1994), Craven fait un petit film (un échec cuisant aux États-Unis) avec des écorchés vifs en série, reprenant les règles simples édictées depuis ses premières réalisations, un schéma copiés et répétés ad libitum par d’autres (Vendredi 13 pour prendre un exemple célèbre, ses suites et d’autres encore), comme pour se défaire au moins un temps des derniers projets menés, plus ambitieux (Scream), moins personnels (Paris, je t’aime, 2005), parfois ratés (Cursed, 2003). Ainsi, à une époque où ses propres succès sont repris, remis au goût du jour (La colline a des yeux, Aja, 2006, La dernière maison sur la gauche, Iliadis, 2009, A nightmare on Elm Street, Bayer, 2010), Craven, peut-être un peu dépossédé par ces remakes, s’en retourne vers un matériau brut, où l’efficacité du récit prime sur l’originalité : un tueur en série, une légende locale et l’élimination seize ans plus tard de jeunes gens qui ont en commun leur date de naissance, tous nés la nuit où le tueur baigna leur ville dans le sang avant de disparaître.
Qu’il s’agisse de l’éventreur qui aurait survécu toutes ces années ou de son âme venue habiter le corps d’un des jeunes, que l’on emprunte la piste médicale (trouble de la personnalité multiple) ou surnaturelle (l’absorption des âmes des victimes), les explications données n’ont pas grande importance. On ne reprochera donc pas au vieux réalisateur de ne pas surprendre, on s’intéressera davantage à la mise en scène (dans la première séquence notamment qui présente l’éventreur et son traumatisme aux spectateurs), aux codes qui ficellent le récit (les adolescents calqués sur des archétypes, les lieux -foyer, école, forêt- parfaitement quadrillés etc.) et à leur traitement (subjectivité des scènes de crimes, retournement de situation). Le plaisir ici est par conséquent de se retrouver devant un objet familier. Un seul conseil en l’occurrence : don’t fear the ripper.
J’ai trouvé que Craven se copiait lui-même dans une espèce de sous-Scream qui reprend ses motifs habituels en les mettant en scène de manière totalement prévisible et téléphonée. Le relief semble un pur gadget qui n’est aboslument pas intégré à la mise en scène