Ken Loach, 2009 (Royaume-Uni, France, Italie, Belgique)
Eric Bishop, postier, supporter du célèbre club de football anglais, le Manchester United, a une vie difficile : sa femme l’a quitté et sa fille, maman d’un petit bébé, lui reproche de se laisser aller et de ne faire aucun effort. Il tente d’élever ses deux beaux-fils dont l’un trempe dans des trafics de plus en plus inquiétants… Eric ne sait plus comment s’y prendre. Son seul point de rattachement dans les moments les plus durs est son idole Eric Cantona dont le poster grandeur nature lui fait face lorsqu’il ferme la porte de sa chambre.
Un jour, après s’être adressé au poster géant qu’il a dans sa chambre du King Eric, il entend sa voix et, en se retournant, il le découvre en chair et en os ! Eric va lui servir de coach pour reprendre la situation en main, distillant ça et là ses fameux proverbes « cantoniens » (on se rappelle de cette phrase célèbre prononcée en conférence de presse et que Loach insère en clin d’œil dans le générique de fin : « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer », un grand moment !). Notre postier recolle peu à peu les morceaux.
Ken Loach exploite une fois encore son thème de prédilection : la chronique sociale. Même s’il en fait parfois un peu trop, Eric Cantona possède un jeu (d’acteur !) très juste. Un bon film émouvant, original (du point de vue de la rencontre entre les deux Eric), qui rappellera aux amateurs de foot les années Cantona, mais un film peu surprenant. C’est le seul reproche que l’on peut faire, même avec une comédie cela reste du Ken Loach !
Pour ma part j’ai été totalement emballé par ce film ! On en sort de là avec un grand sourire, l’envie de changer (en mieux !) et la grande pêche ! Drôle, très drôle même, touchant, émouvant, profondément humain… Quel juste équilibre aussi entre la comédie et la chronique sociale : Loach nous fait un grand numéro d’équilibrisme ! A voir, revoir et re-revoir ! Canto est au cœur du film, mais il n’apparaît pas énormément au final, le personnage central étant bien l’autre Eric, Bishop.
Une seule petite précision : ce n’est pas sa femme qui l’a quitté mais bel et bien lui, trente ans auparavant.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec le « peu étonnant » et je vais davantage dans le sens de Ludovic. Je crois que Loach n’a jamais autant mêlé les genres et c’est au contraire assez surprenant !
Fantastique (un peu d’herbe pour favoriser les visions cantoniennes), comédie sentimentale (cette histoire avec Lily qui explique la déchéance d’Eric le postier et qui n’est jamais négligée), comédie (sur la première heure et dans la dernière séquence, en fait à chaque scène avec la bande de potes ou Cantona), chronique sociale (le foot, les classes populaires et leurs déboires), drame, voire polar (entre une heure et une heure et demi de film, le ton change radicalement, Cantona disparaît). Le film fonctionne et on s’entonne vu cette dispersion des genres ! Looking for Eric nous emporte (la classe que j’ai emmenée au ciné aujourd’hui était ravie) on en chanterait presque une de ces chansons de supporters à la gloire du King de Manchester !
Par ailleurs, ce qui ajoute un peu à l’étonnement, c’est Cantona qui porte le projet (rendant par la même occasion hommage à ses fans). C’est lui qui l’amène au producteur et qui en discute avec Loach avant que le tout ne finisse par se réaliser.