Junon et le Paon (Juno and the Paycock)

Alfred Hitchcock, 1930 (Royaume-Uni)

Junon et le Paon ne fait pas partie des œuvres les plus citées d’Alfred Hitchcock. Et cela même si Hitchcock a pu dire qu’il aimait la pièce de Sean O’Casey dont le film est l’adaptation. C’est le premier film véritablement parlant du réalisateur après Chantage en 1929 (Blackmail). C’est aussi le premier film qui crédite Alma Reville comme scénariste. Mais Hitchcock dit à Truffaut avoir eu honte d’avoir reçu tant de félicitations à la sortie de Junon et la Paon alors qu’il estimait finalement ne pas avoir pu faire grand chose pour rendre la pièce plus « cinématographique ». Malgré ses tentatives d’apporter un peu de mouvement, d’introduire différemment l’histoire, l’ensemble reste particulièrement statique, bavard et se déroule essentiellement dans une seule pièce. Truffaut avait vu le film sans rien comprendre (forcément sans connaître l’anglais et sans sous-titres). Les dialogues ont un peu d’humour mais le récit finit par tendre vers le drame. L’ensemble n’a rien de très cohérent.

Le capitaine Boyle se pavane (Edward Chapman), mais le père de famille a un poil dans la main et préfère descendre des coups au bar avec son acolyte Joxer (Sidney Morgan) que de chercher du travail. Mme Boyle, Junon, est un personnage plus intéressant (Sara Allgood). Elle tient le foyer, s’occupe du fils amputé, Johnny, d’une jeune fille prête à prendre son indépendance, Mary, et de tout le reste. L’histoire se déroule à Dublin durant la guerre civile. La famille apprend de la bouche du fiancé de Mary qu’elle hérite puis que cet héritage est un mensonge. Un jeune voisin s’est fait assassiné, certainement dénoncé par le fils Boyle qui disparaît à la fin. À la toute fin, les meubles de l’appartement sont saisis. Mary tombe enceinte alors que son fiancé l’a quittée… Pour affronter l’opprobre, le capitaine rompt avec les siens et part avec les derniers sous se payer un coup.

On a du mal à croire que le film ait pu chercher le vaudeville au détour d’une séquence ou deux. On retiendra néanmoins quelques gros plans saisissant le grotesque des expressions ou de plus beaux sentiments. Éventuellement une scène de chansons autour d’un gâteau. Un chat sur un réverbère. Pas grand chose d’autres. Précisons qu’Alfred Hitchcock répond là à une commande et il semble, eu égard aux retours critiques de l’époque, que les commanditaires aient apprécié le travail. Le dramaturge, lui, dira n’avoir jamais vu le film.

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