Coup de foudre à Manhattan (Maid in Manhattan)

Wayne Wang, 2002 (États-Unis)

À Manhattan et pas dans le Bronx. Dans la bouche de Jennifer Lopez, les reproches faits au député républicain de tenir un discours sur les quartiers pauvres sans les visiter pourraient être faits au film. Estampillé Fox news et Dolce & Gabbana, la rom com grand bourgeois expose un très classique ménage à trois : la prolétaire, le nantis et la ville.

L’originalité de la déclinaison vient de la jeune femme interprétée par Jennifer Lopez : elle n’est plus strictement blanche, mais d’origine latino-américaine. Marisa Ventura, c’est son nom, est femme de chambre dans un hôtel huppé de New York et le coup de foudre avec le politicien célèbre, Ralph Fiennes, fait d’elle une autre Cendrillon. Comme dans Pretty Woman (Garry Marshall, 1990), auquel le film doit beaucoup, la prolo sert de garantie sociale. Le problème, c’est que la romance fait basculer la jeune femme vers d’autres valeurs : attirance pour le luxe, essayage musical en boutiques pour insister (la liberté dans l’abondance matérielle) et ascension sociale acquise par sa seule excellence. On pourrait parler d’une « self-made woman » qui cherche, contrairement à la « abuela » plus timorée, à se hisser par sa volonté et son audace au-dessus de la condition dont elle a héritée.

Edmond Dantès (sic), à qui l’on doit le scénario (en fait, John Hughes qui signe quelques comédies dans les années 1980, notamment The Breakfast Club en 1985), emprunte également un garçonnet de 10 ans à Nuits blanches à Seattle (1992). Comme dans le film de Nora Ephron, le môme est une composante affective et sert de liant entre les adultes amoureux, tout autant que le décor de la ville par ailleurs. Wayne Wang fait en effet de New York, et de Manhattan en particulier, le troisième personnage de l’histoire. Rien de neuf de ce côté-là non plus. Les plans aériens iconiques en introduction, sur la statue de la Liberté, Chrysler Tower ou l’Empire State, rappellent simplement que les Tours jumelles sont tombées récemment à l’époque du film. The Beresford, l’hôtel où se déroule tout le récit, donne sur Central Park et permet de compléter l’album de clichés. Wayne Wang a fait mieux et plus personnel. De ce coup de foudre néo-libéral, on peut clairement se passer.

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