Bahman Ghobadi, 2009 (Iran)
Il est étrange comme l’actualité peut se télescoper avec le cinéma. En effet, c’est au moment où de nouvelles émeutes secouent l’Iran que sort sur nos écrans Les chats persans. A travers l’histoire de deux jeunes qui veulent monter un groupe de rock pour financer et organiser leur fuite du pays, le film montre le malaise qui existe dans la société iranienne.
Réalisé par le cinéaste kurde iranien Bahman Ghobadi et par la journaliste Roxana Saberi, Les chats persans a eu évidemment du mal à voir le jour. Il a été tourné en deux semaines sous le manteau, ou plutôt sur des mobylettes et dans des caves obscures. C’est dans ces derniers lieux que naturellement s’exprime une culture underground où tous les styles sont représentés (hip-hop, rock, electro, metal…). Le film d’ailleurs prend des allures de documentaire en témoignant de la richesse musicale interdite par le pouvoir. Il est également important d’évoquer l’arrestation et l’emprisonnement pour espionnage de Roxanna Saberi qui a entrainé un véritable bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis (puisque la journaliste possède la double nationalité américaine et iranienne). Elle est finalement libérée à la veille du festival de Cannes.
Evidemment, la réalisation laisse parfois à désirer, l’image tremble et la caméra bouge quelque peu mais peut-on en faire le reproche lorsque l’on sait les conditions de tournage ? On peut également être dérouté par l’alternance entre l’histoire principale et les séquences musicales. Pour le reste, Ghobadi signe une œuvre engagée et pleine d’énergie. Les musiques présentées sont étonnantes de modernisme et de maturité. En bref, un film à regarder sous deux aspects, celui de la culture alternative et celui de la prise de position politique.
Je suis très partagé sur ce film, l’aura qu’il bénéficie à travers la presse est sans aucun doute liée à la situation actuelle du pays. Alors oui, c’est intéressant de découvrir une partie de la vie d’un pays où les médias ne peuvent pas se rendre mais le film en lui-même n’est pas exceptionnel, les principaux défauts sont évoqués dans le dernier paragraphe de la critique d’Etienne.