William A. Seiter, 1950 (États-Unis)
En 1950, les spectateurs des salles de cinéma américaines pouvaient découvrir des polars très différents par leurs ambitions et par leurs styles : Le grand alibi dans lequel Hitchcock déplace crimes et mensonges dans le monde du théâtre, Boulevard du crépuscule où Wilder dépeint l’agonie hollywoodienne et, parmi d’autres, Borderline, pas plus déplaisant qu’exigeant.
Le réalisateur William Seiter est connu pour avoir dirigé Laurel et Hardy (Les compagnons de Nouba, 1934), Fred Astaire (Roberta, 1935) ou les Marx Brothers (Panique à l’hôtel, 1938). Le registre policier, même si le film suit avec rigueur les archétypes que le genre avait progressivement définis (Le grand sommeil, Hawks, 1947), ne lui interdit pas sa légèreté.
Le rôle masculin fut confié à Fred Mac-Murray, qui avait marqué le film noir la décennie passée (Assurance sur la mort, Wilder, 1944). Le rôle féminin fut pour Claire Trevor avec qui Seiter avait déjà tourné (Le premier rebelle en 1939 ; la même année, la demoiselle était dans La chevauchée fantastique de Ford). Raymond Burr se mit dans la peau du criminel (l’acteur n’interpréta au cinéma que des personnages secondaires ; c’est la télé qui lui procura du succès dans les années 1960-1980, avec L’homme de fer et Perry Mason).
L’intrigue, elle, se concentre sur un trafic de stupéfiants et un passage de frontière entre le Mexique et les États-Unis. Seiter ne paraît toutefois pas s’intéresser outre mesure à l’aventure policière, sauf pour le rythme qu’elle impose (coups de feu et voyage poursuite). L’aventure qui prend le dessus est celle classique et amoureuse du couple formé (dont le double jeu constitue d’ailleurs le dernier quiproquo). En dehors des facilités inhérentes au projet (la sieste du Mexicain à l’ombre d’un sombrero) et d’une danse de cabaret que l’on hésite à prendre au second degré, Borderline file droit, sans temps mort et assure le confort d’un objet familier au charme désuet.
Note parue sur le site de Kinok en avril 2011.