David Fincher, 1992 (États-Unis)
Sur la planète Fiorina 161, Ripley échoue dans un asile pénitentiaire. Les hommes qui y demeurent sont des rebuts de la société, infâmes meurtriers et violeurs fous ; Fincher affiche un goût pour une criminalité d’aliénés que régulièrement il retrouve (Seven, 1996, Fight club, 1999, Zodiac, 2007). Les gueules peu engageantes de la prison* renvoient aux vilains moines du Nom de la rose (Annaud, 1986) ou aux drôles de physiques des univers Carot et Jeunet (Delicatessen, 1991). L’armement lourd apprécié par Cameron a disparu (Aliens, 1986). L’histoire se passera du moindre flingue. Par la traversée des dédales** et l’attente imposée dans les recoins sombres, Fincher distille à nouveau l’angoisse éprouvée dans Alien (Scott, 1979).
Ripley a changé, ce qui nous est assez vite suggéré par un œil rougi, un crâne rasé et une douche. Elle entretient une connivence nouvelle avec la créature (célèbre image de l’alien caressant de ses sens la joue de l’humaine épouvantée). La femme et le monstre ont pénétré la prison et s’apprêtent comme un seul être à en anéantir les occupants. Ainsi, pour la première fois et dans une collectivité masculine, Ripley cherche à assouvir un désir sexuel. Elle couche donc avec le scientifique (Charles Dance), en apparence plus équilibré que ses congénères. De prédatrice, elle devient mère (le monstre dans son ventre) et s’élève au rang de reine animale. Par son jeu Sigourney Weaver nous fait sentir toute l’ambiguïté du personnage, aussi la lassitude de Ripley à se battre contre une créature qui ne la quitte plus.
Quelle question pose Fincher ? Celle de la survie acceptable ou non de la femme pécheresse ? Celle de la survie d’une mère ayant perdu son restant d’humanité ? Le propos paraît moins clair que dans les précédents épisodes peut-être en raison des mésententes du réalisateur avec les studios. Quoi qu’il en soit, le suicide de Ripley plonge le récit dans un profond pessimisme et nous tient bien éloignés de la référence privilégiée par Scott : Alien3 s’achève par un « infanticide » tandis qu’un nouveau né s’ouvre à l’univers dans 2001.
* Pete Postlethwaite, Charles S. Dutton, Brian Glover…
** Même si la caméra subjective perd un peu de son efficacité aujourd’hui.
Bonjour Ornelune, ce 3ème opus d’Alien, huis-clos étouffant, reste mon préféré de la série. S Weaver avec son crâne rasé est inoubliable. Bonne journée.
C’est vrai que Fincher sait fabriquer des plans qui restent bien en mémoire. Pourtant le film me paraît moins abouti que la version de Scott.
A mes yeux également, l’Alien de Scott reste inégalable (ou, à tout le moins, inégalé) mais je trouve tout de même ce troisième opus de la série assez réussi, notamment en regard du précédent (mais quelle idée d’avoir multiplié les aliens…). Je le préfère également au quatrième.