Les vies privées de Pippa Lee

Rebecca Miller, 2009 (Etats-Unis)

Pippa Lee, belle femme à l’approche de la cinquantaine, est en apparence sage et sereine. Elle vit en couple avec un fameux éditeur de trente ans son aîné dans le confort, la sécurité, mais aussi beaucoup de mondanités et une monotonie de plus en plus étouffante. Elle reste un brin énigmatique pour ses proches, gardant sa part d’ombre, son jardin secret… Cependant, cette façade commençant sérieusement à s’effriter, elle décide de se livrer, de nous raconter sa vie, ou plutôt ses vies privées. Car elle n’a pas toujours été la femme rangée et lisse qu’elle semble être devenue. Lors de différents retours en arrière, on en apprend plus sur Pippa Sarkissian (son nom de jeune fille), sa naissance tumultueuse, son adolescence très « sex, drugs & rock’n’roll » et les rapports entretenus avec sa mère. Pippa connaît une « midlife crisis », ou crise de la cinquantaine, et, au regard du passé, elle s’interroge sur son présent et son proche avenir. Son désir de changement est tel que même son inconscient paraît l’exprimer : somnambule, elle fuit déjà sa vie actuelle…

On n’est jamais mieux servi que par soi-même
Pour son troisième long métrage, Rebecca Miller a décidée d’adapter elle-même un de ses propres romans, et malgré son petit budget, cette production indépendante américaine réussit à réunir un casting prestigieux avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Julianne Moore ou encore Monica Bellucci ! Ces « stars » retrouvent ici une dimension humaine et, en particulier pour Keanu Reeves, nous réconcilient avec leur vrai talent d’acteur. Il y a aussi l’excellent Alan Arkin (vu dans Little miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris en 2006) et ses faux airs d’Al Pacino (avec qui d’ailleurs il jouait dans Glengarry Glen Ross de James Foley en 1993), Blake Lively en Pippa jeune et aussi Zoe Kazan dans le rôle de sa fille (Zoe est la petite fille du réalisateur du Dernier nabab, sorti en 1977 avec De Niro). J’ai immédiatement reconnu cette dernière car je l’avais revue la veille dans Les noces rebelles dans lequel elle joue à la perfection une timide secrétaire éprise du beau DiCaprio ! Mais dans le film de Rebecca Miller, c’est surtout Robin Wright qui attire et concentre toutes les attentions, incarnant de façon bouleversante le personnage de Pippa Lee en proie aux doutes.

Les vies privées de Pippa Lee traite de sujets sensibles mais s’éloigne radicalement du mélodrame sentimental.  Au contraire, le film est un brin décalé comme dans Away we go de Sam Mendes sorti le même mois. L’humour très fin, une liberté de ton bienvenue et les multiples interrogations existentielles le rendent proches d’un Woody Allen (Whatever works, 2009, par exemple, d’autant plus en raison de ce couple à la grande différence d’âge). Beaucoup de tendresse et de sensibilité se mêlent aux qualités évoquées et lorsque le film se veut plus grave, lorsque les cicatrices de l’âme de Pippa sont mises à nu, le film n’est jamais larmoyant ou moralisateur. Il est simplement émouvant. Un « grand petit film » très rafraîchissant que je conseille vivement à chacun d’entre vous !

Ludo

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