Yves Robert, 1961 (France)
Ils sont pas hauts mais fiers et, une fois compris ce qu’était une insulte jusque-là jamais entendue (la trempe du tout petit Gaston qui s’en est allé tester la curieuse expression auprès de son père), les représailles n’ont pas tardé. Entre les mômes de Longeverne et ceux de Velrans, c’est la guerre !
Armés de frondes et d’épées en bois, sur les champs de batailles, ça rigole pas ! Même que ça tape et ça crie pour de vrai. D’attaque en attaque, les troupes s’aguerrissent et s’organisent. D’abord l’infanterie, puis la cavalerie (un cheval et un mulet), un tank pour finir (la tracteur du paternel), c’est l’escalade de la violence dans les combats ! Gare aux prisonniers ! Ils rentreront chez leurs vieux tout penauds d’avoir les bretelles et les lacets coupés par l’ennemi, les boutons décousus et le pantalon aux genoux.
Le petit Nicolas de René Goscinny, créé dans les années 1950, pourrait être un camarade de Lebrac, du p’tit et du grand Gibus et de toute la bande. Bien que Nicolas vive en ville et que Longeverne et Velrans soient de petits villages de campagne, tout ce qui se rapporte aux gamins se ressemble : la gouaille, les bêtises et les écoles (cours de récré et salle de classe, théâtres de tous les complots, instituteur à blouse et à craie). Parmi tous ces enfants, Lebrac est à part : mal à l’aise avec ses parents (son père joué par Jean Richard le corrige du pied et de la main), peu assidu en classe, il n’est bien qu’à l’extérieur avec ses potes. Exalté et casse-cou, André Treton qui interprète le rôle nous étonne par un jeu proche, sans exagération, de celui de Patrick Dewaere (La meilleure façon de marcher, Claude Miller, 1976 ou Les valseuses, Bertrand Blier, 1974).
Le regard porté sur le monde de l’enfance est amusé et par instant nostalgique. La caméra d’Yves Robert se laissant distraire par un parapluie laissé sur l’eau, par la nature qui éblouit et occupe de mille façons (la partie de pêche, la chasse au renard, un oiseau posé sur la cloche de l’école…) trahit presque une certaine mélancolie. Vigo et Tati participent par influences, comme des touches de peinture, à l’évocation de cette enfance retrouvée. Le gadin du facteur n’a-t-il pas quelque chose à voir avec L’école des facteurs (1947) ou Jour de fêtes (1949) ? Les vacances de Monsieur Hulot et Mon oncle (1953 et 1958) laissent aussi à la marmaille ses rêveries et sa liberté (Joana Hadjithomas et Khalil Joreige saisissent bien cet univers dans le court qu’ils consacrent à Tati adolescent, Enfances, 2007). De même, en voyant La guerre des boutons, impossible de ne pas penser au magnifique Zéro de conduite de Jean Vigo (1933). Avec sa petite guerre entre marmots, qui de temps à autres rejaillit aussi sur les adultes (Galabru, Dufilhot, Tchernia), Yves Robert attire l’attention et remporte en 1962 le prix qui porte le nom de ce cinéaste. C’est drôle et plein de fraîcheur, l’adaptation du roman de l’écrivain et instituteur Louis Pergaud a mérité son succès (La guerre des boutons date de 1912). Et puis d’ailleurs :
Je suis déjà allergique à ces deux remakes dont on nous martèle les BA depuis trois semaines…
Remakes ? Quels remakes ?
Ironique ?
Les trucs dont on nous bassine à la tv et au ciné.
La guerre des boutons (Yann Samuell) et La nouvelle guerre des boutons (Christophe Barratier). Je crois que le 1er est sorti hier d’ailleurs 😉
Bonsoir Benjamin, c’est bien de reparler ce film qui date de 50 ans et tant pis pour les remakes. Laissons ce travers aux Américains. Bonne soirée.