Halloween

David Gordon Green, 2018 (États-Unis)

CITROUILLE GARANTIE AVEC CONSERVATEURS

Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) est une survivante. Femme de la NRA par la force des choses car personne et certainement pas l’État ne s’est montré capable de la protéger, Laurie est à sa manière une cousine de Sarah Connor dans Terminator (Cameron, 1984). Toutes les deux font face à un homme qui les harcèle à en crever, trouvant dans le mal toute la force pour se relever et, de film en film, revenir à l’assaut. Toutes les deux s’arment jusqu’aux dents et, refusant de demeurer longtemps victimes, s’affirment vite en tant que combattantes capables de devancer leur adversaire et de le surprendre. Que cela n’empêche pas ces femmes de devenir mère, elles feront de leur progéniture de véritables petits guerriers. Quarante ans après le premier opus (La nuit des masques de Carpenter, 1978), David Gordon Green (qui coécrit) met trois générations de femmes entre les pattes de Michael Myers. Les genres sont un peu redéfinis (notamment le Bonnie and Clyde de la soirée déguisée), les garçons, les flics, le père sont sauvagement assassinés. Le psy, Dr. Ranbir Sartain, ne fait plus l’expertise de Michael mais plutôt celle de Laurie… La grand-mère n’est pas dérangée, elle a simplement des comptes à régler. Parfois, le meurtrier et Laurie jouent de concert et le psy ne sera pas épargné.

Dans ce onzième volet, le théâtre d’Haddonfield ne paraît pas très différent des premiers films de la série. Les faits divers sanglants n’inquiétant finalement pas grand monde, le petite ville de l’Illinois s’est certainement davantage étalée. Au moins comme dans Halloween et Halloween 2 (mais on imagine bien que c’est dans tous les épisodes pareil), le tueur et le monde qui lui gravite autour sillonnent les allées résidentielles de jour comme de nuit. Les services présents (école, garage, poste de police) laissent penser que l’essentiel des emplois des habitants d’Haddonfield se trouve ailleurs (pas de zone industrielle, ni de centre financier). La ville n’a pas d’autres fonctions premières que le logement. Le quartier pavillonnaire pour classe moyenne et aisée demeure donc l’espace emblématique. Haddonfield paraît peut-être plus grande qu’auparavant mais, dans le film de D. Gordon Green, à ce mouvement d’étalement urbain répond un mouvement inverse de repli : la maison de Laurie qui sert de décor à la dernière séquence. Cette villa est située dans les bois, à la périphérie de la ville et est à ce point sécurisée qu’elle ressemble à une forteresse (clôture, caméra, système de fermeture automatisée…). La violence subie n’incite pas à l’ouverture aux autres. Femme de la NRA par la force des choses.

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