Oliver Hermanus, 2020 (Afrique du Sud, Royaume-Uni)
Racisme, homophobie, apprentissage de la haine et assaut sur front de guerre, comme sujets croisés, on fait plus léger.
Le petit mérite du film vient du contexte méconnu qui lui sert de support : un conflit frontalier africain en période de Guerre Froide. Pour lutter contre le communisme, l’Afrique du Sud contraignait les jeunes blancs, dès qu’ils avaient 16 ans, à un service militaire de deux ans. L’État sud-africain les envoyaient en pleines zones de combat sur la frontière Sud de l’Angola. Dans les années 1980, l’Afrique du Sud menait aussi des interventions armées contre tous les États hostiles à l’apartheid et à l’Union Sud-Africaine, comme la Zambie ou le Mozambique. Ce qu’on voit de la guerre, ce sont des assauts de guérilla en pleine campagne ou aux abords de villages détruits. Rien de mécanisé, rien de très équipé non plus.
Oliver Hermanus semble s’inspirer d’un peu trop près de Full metal jacket (1987), mais sans toutefois reprendre la sophistication de Kubrick. Cela vaut pour le harcèlement subi par les jeunes recrues, pour la folie du sergent instructeur, pour le suicide surprise et pour la structure en deux parties, la joie du camp avant celle des combats. Ce milieu mêlé aux codes du cinéma queer (les douches, les torses nus au soleil, les caresses…) donne un film malavisé, presque imprudent. Histoire d’en rajouter une couche, Hermanus colle également à son personnage principal un trauma en flash-back, un incident près de la piscine quand il était enfant.
Alors certes, la photographie est soignée, la mise en scène sait entretenir la violence décrite, les acteurs font le taf… mais le film reste lourd.
Bon, ceci dit Full Metal Jacket, comme son titre l’indique, est aussi l’un des films les plus lourds de Kubrick, et vraiment pas son meilleur. Hermanus aurait sans doute mieux fait de chercher son inspiration ailleurs.