Stanley Kubrick, 1968 (États-Unis, Royaume-Uni)
Difficile de parler de science-fiction sans parler de 2001 : l’odyssée de l’espace. Difficile même de parler de cinéma tout court, sans évoquer ce chef-d’œuvre. D’aucuns diront que j’ai dès le début signalé toute mon adoration pour le film et qu’il ne faudra donc pas s’attendre à ce que cette note soit très objective. Je ne chercherai d’ailleurs pas à l’être tant la vision de ce film sur grand écran dans sa version « remasterisée » (comprendre nettoyage de pellicule et du son et non pas nouvelles scènes ajoutées façon Star Wars) est une claque monumentale pour l’athée et simple mortel que je suis.
Dès les premières images, les longs plans fixes qu’accompagne la musique de Richard Strauss (Johann viendra plus tard) nous propulsent jusqu’à « l’aube de l’humanité », quelque 4 millions d’années en arrière. Et le rythme est donné : rarement un film dira autant avec si peu de dialogues. Chaque plan nous plonge dans une réflexion, chaque scène apporte au film un peu plus de profondeur. On découvre ainsi cette aube où l’homme primitif n’est qu’une espèce parmi les autres. Un matin pourtant, une tribu se retrouve face au monolithe noir, puis invente une arme. Un os sert de massue. Une nouvelle ère commence. S’ensuit la plus grande ellipse temporelle du cinéma : plusieurs dizaines de milliers d’années en un enchaînement d’images stupéfiant, pour nous amener en 1999 face à une autre arme, une bombe nucléaire. Ce grand écart temporel nous propulse dans le futur, au-delà d’une autre étape pour l’humanité.
Le compositeur Vladimir Cosma disait : « un film est la réunion de plusieurs arts ». 2001 en est la parfaite illustration. Photographie, peinture, musique, tout conduit à cette œuvre unique. De là, l’influence de Kubrick est retentissante et de nombreux films (bons ou mauvais) lui répondent, s’en inspirent ou lui rendent hommage : d’abord sous la forme d’un « lent psychodrame méditatif » Solaris d’Andreï Tarkovski (1972), repris ensuite par Steven Soderbergh (2003), ou bien d’autres encore. Ainsi, 2001 : l’odyssée de l’espace vu 40 ans plus tard présente toujours autant d’attrait à mes yeux, et, je pense, pour longtemps.
Rien à ajouter. Ce film est une totale réussite artistique et esthétique. Par contre j’ai revu l’adaptation de 2010 (2010, l’année du premier contact de Peter Hyams en 1985) il y a peu et c’est pitoyable. De même que les romans d’A.C. Clarke qui font suite à 2001 (il y en a quand même trois).
A noter. Ceux qui seraient éventuellement intrigués par cette histoire de mégalithe peuvent lire la nouvelle The Sentinel d’A.C. Clarke, qui a inspiré notamment toute la première partie du film (découverte de la superstructure sur la lune et expédition).
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