James Mangold, 2006 (Etats-Unis)
Walk the line est un biopic sur les stars légendaires de la country Johnny Cash et June Cartner. Ce sont même eux en personne qui ont aidé à choisir les acteurs qui les incarneraient à l’écran : Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon. Malheureusement, même s’ils se sont impliqués activement dans la préparation de l’adaptation cinématographique de leurs vies, Johnny et June ne verront jamais d’ici-bas le résultat final puisqu’ils disparaissent tous deux en 2003, à quatre mois d’intervalle. Il est fort à parier que ce film les aurait enchantés, au vu de l’incroyable interprétation des deux principaux acteurs et de la qualité générale des 2h30 de ce long métrage signé James Mangold (3h10 pour Yuma en 2008 ou encore l’excellent Copland en 1997).
Biopic, success story… Certes, mais pas seulement. Walk the line propose beaucoup de chansons (interprétées de façon magistrale par les comédiens eux-mêmes, ce qui est un grand tour de force !), mais est avant tout une « comédie musicale dramatique » retraçant le parcours chaotique du chanteur. Le film démarre juste avant l’entrée en scène de Johnny Cash à la prison de Folsom en 1968, d’où a été tiré le live mythique qui s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires (Walk the line a d’ailleurs été projeté aux détenus de ce même pénitencier, trente-huit ans après la venue de Cash) puis se poursuit rétrospectivement depuis son enfance et la perte de son frère, suivie de son ascension fulgurante aux Etats-Unis, son addiction à la drogue, ses relations difficiles avec son père et surtout son attachement à June Carter, alors que tous deux étaient déjà mariés avec des enfants. Une relation passionnelle et tourmentée (« je t’aime moi non plus… ») qui a duré de longues années avant de se sceller par un mariage, à la vie comme à la scène. Et ils seront restés ensemble jusqu’au bout.
En plus des nombreuses chansons, James Mangold a fait appel au compositeur T-Bone Burnett, spécialiste de la country, qui avait déjà travaillé sur O’Brother (des frères Coen en 2000), The big Lebowski (toujours eux, en 1998), ou encore Retour à Cold Mountain (Anthony Minghella, 2004). La reconstitution des années 1950 et 1960 est excellente, on y croise même d’autres stars de l’époque (Jerry Lee Lewis, Elvis Presley, Roy Orbison, Waylon Jennings, Carl Perkins…). C’est surtout et avant tout Joaquin Phoenix qui crève une fois de plus l’écran. Sûrement un des meilleurs comédiens de sa génération, je retrouve en lui toute la profondeur (quel regard tourmenté !), la passion, l’extrême implication et l’excellence rare des De Niro, Pacino et Dustin Hoffman à leurs débuts. Oui, il est de cette trempe-là et son interprétation de Johnny Cash est tout simplement sublime. Il est tellement rentré dans la peau de son personnage (a appris à jouer de la guitare, à chanter… Il donne même des « vrais » concerts après le film !) qu’après le tournage, il rentre pour un temps en clinique. Il faut dire aussi que Joaquin Phoenix a quelques similitudes, et pas des moindres, avec cette légende country : lui aussi a perdu son frère (River, décédé d’une overdose), et la cicatrice s’est ré-ouverte…
Walk the line est une incontestable réussite. Les fans de cette icône de la musique américaine y trouveront leur compte et ceux qui le connaissaient peu apprendront beaucoup.