Shinji Higuchi, 2006 (Japon)
Sinking of Japan de Shinji Higuchi n’a été présenté en France qu’au marché du film de Cannes en 2006. Et en 2006, il n’a intéressé personne. En tout cas, pas les distributeurs français puisque le film n’est jamais sorti sur grand écran dans l’hexagone. En septembre 2011, c’est Zylo qui a l’heureuse idée de proposer le film au format dvd. Pourquoi tant de temps après ? Parce que six mois avant, le 11 mars 2011, avait lieu la plus grande catastrophe que l’archipel ait connu depuis le grand séisme de Kantō en 1923. Et six mois a paru un délais suffisamment décent aux éditeurs pour en profiter. Toutefois, afin de pas paraître trop opportunistes, figure sur l’objet l’étiquette « Pour l’achat de ce produit, une partie des bénéfices sera reversée au Japon ». Ouf ?
Durant les 2h15 de cet engloutissement, Shinji Higuchi, pourtant spécialiste des effets spéciaux, et malgré le coût de la réalisation ostensiblement affiché parce qu’il faut bien d’une façon ou d’une autre convaincre de la qualité du produit, seules quelques minutes (15mn ?) sont réservées au spectacle du désastre. Le programme est pourtant chargé : tremblements de terre, irruptions volcaniques et tsunamis abîment chacun à leur tour les principales îles du pays. En pleine catastrophe, les grandes villes sont bien entendu visitées (Fukushima y compris mais là, pas d’accident nucléaire). Au cœur de la tourmente nippone, les violons (que le 5.1 des grondements telluriques et des anéantissements urbains ne fait même pas taire) accompagnent une petite fille orpheline, une famille d’adoption et un couple d’amoureux formé, c’est pas banal, d’un scientifique spécialiste des profondeurs océaniques et d’une femme super pompier…
Davantage habitué au genre quand il est hollywoodien, Sinking of Japan nous apparaît comme un mélange des grands films catastrophes américains, sans cesse régénérés dans les années 1990 et 2000 par les effets numériques : Le jour d’après et 2012 (Emmerich, 2004 et 2009), Le Pic de Dante (Donaldson, 1996) et même Armageddon (Bay, 1998), ce dernier notamment parce que la solution réside dans un forage d’exception. Pas de grande originalité donc (si ce n’est une vision étonnement négative de l’aide internationale) et peut-être (restons prudents) vaut-il mieux s’amuser avec le plus ancien Sinking of Japan (Shirô Moritani, 1973) ou bien, toutes enceintes éteintes, lire La submersion du Japon de Sakyo Komatsu dont ces films sont inspirés.
Sinking of Japan, distribué par Zylo, en dvd le 27 septembre 2011.