Running Man

Paul Michael Glaser, 1987 (États-Unis)

Dans le futur (en 2019), les États-Unis sont devenus une dictature qui censure la culture et les arts et qui n’autorise qu’un divertissement sadique, le jeu télévisé « The Running Man » au succès retentissant. Dans cette émission, un candidat (un soit-disant traître envers son pays ou un repris de justice) doit survivre trois heures en extérieur aux « traqueurs » lancés à ses trousses et chargés de l’éliminer.

Le scénario signé Steven E. de Souza est une adaptation du roman Running Man de Richard Bachman (alias Stephen King) publié en 1982 aux États-Unis. Cependant, au final, le film ressemblait beaucoup au Prix du danger d’Yves Boisset (sorti en 1983) et, à l’issue d’un procès de onze ans, le plagiat fut prononcé, au grand dam d’un réalisateur, Paul Michael Glaser, que les studios avaient désigné tardivement sur le projet (ces infos sans aller chercher plus loin que la page Wikipedia du film).

Pour le comparer au film français, Running Man gagne en efficacité sur l’action et les monologues du présentateur télé sont nettement réduits (alors que Piccoli finissait par irriter). Ce qui permet de suivre différents personnages, le candidat n’est plus jeté seul dans l’arène. Aux côtés d’Arnold Schwarzenegger, deux de ses amis (Marvin J. McIntyre et Yaphet Kotto) et une fille (María Conchita Alonso), histoire de donner la possibilité au héros de repartir à son bras à la fin. Dans Running Man, à supposer que le film de Boisset ait servi de référence, plusieurs choses ont été simplifiées. Ainsi, la production du jeu télévisé n’existe pas vraiment (contrairement au Prix du danger où l’on voyait, derrière le présentateur, un directeur de chaîne et son équipe). Ici le seul antagoniste est l’animateur télé qui décide de tout et échange directement avec le ministre de la Justice au téléphone. De même, alors que le film français se donnait la peine de décliner les identités des traqueurs, le film hollywoodien se contente d’afficher des personnages aux allures de catcheurs ou de super vilains : vêtus d’un costume et dotés d’armes personnalisés, ils n’ont que leur look et leur surnom, « Fireball », « Subzero », « Dynamo »… pour être identifiés. Ses gladiateurs modernes se succèdent alors sans pouvoir neutraliser Ben Richards (Schwarzy). Running Man gagne en revanche une séquence d’introduction qui montre comment ce policier pilote d’hélicoptère, Ben Richards, s’est retrouvé condamné aux travaux forcés pour avoir refuser d’obéir à un ordre criminel.

La critique du monde du spectacle et de ses dérives, ainsi que celle des mensonges d’État ne perdent pas en pertinence par rapport au film de Boisset. De revoir ce film, d’autres comparaisons me viennent en tête. Par exemple, j’ai l’impression que les échanges entre Ben et Amber ressemblent assez aux échanges entre Quaid et Lori (Arnold Schwarzenegger et Sharon Stone) dans Total Recall de Paul Verhoeven (1990) : dans les deux cas, on assiste à la relation conflictuelle d’un couple formé ou en devenir, à la domination physique de l’homme (à nuancer avec le personnage de Lori et ses coups de pied bien placés) et au portrait d’une fille athlétique et sexy, diablement sournoise et trompeuse. Dans Running Man, Amber est la seule femme du film et finit par tomber amoureuse de Ben… C’est autre chose chez Verhoeven. Moins anecdotique, plusieurs éléments de scénario, de décor et même la critique de la société rappellent assez nettement New York 1997 de John Carpenter (1981). Néanmoins, Arnold Schwarzenegger n’est pas tout à fait Kurt Russell et, alors que tous deux courent pour leur vie, Ben Richards reste loin de Snake Plissken et de son anti-héroïsme modèle.

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