Wim Wenders, 2000 (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis)
Un peu trop de plans, un peu trop d’effets. Brusque accélération de l’image avant qu’elle ne se fige et ne se fonde dans le plan suivant. Wenders expérimente sur un scénario du chanteur de U2. Bono compose aussi en partie la bande originale, alors forcément cela prend de temps à autre des allures de clip. The Million Dollar Hotel ressemble à un morceau de trip-hop : froid et synthétique, il hypnotise et étrangement réconforte. C’est aussi l’effet que donne Skinner, l’enquêteur du FBI interprété par Mel Gibson, monstre mécanisé, rigide comme un robot.
Un crime a été commis sur le toit du Million Dollar Hotel, à deux pas du centre de Los Angeles, dans un quartier de peep-shows. Skinner enquête et visite les clients de l’hôtel, tous autant fêlés les uns que les autres. Parmi ces déjantés, Amanda Plummer qui s’est crue fiancée au mort, Jimmy Smits, un faux indien qui peint des toiles de goudron, Peter Stormare convaincu d’avoir fait partie des Beatles. Entre Eloise (Milla Jovovich meilleure dans la seconde partie du film) et Tom (Jeremy Davies), une jolie histoire d’amour se détache de l’intrigue. La séquence introductive (la course sur le toit avant le plongeon) n’est pas sans défaut mais, le premier travelling amenant de la ville au personnage, ainsi que la lumière du matin et les décors saisis sur la pellicule sont superbes. Habituellement Wim Wenders ne s’encombre pas de superflu. Il fait exception aux alentours de cet hôtel et plusieurs belles choses émergent néanmoins.
A vouloir justement s’encombrer de superflu, Wim Wenders s’égare et le film souffre de longueurs même si je suis du même avis sur les bons points soulignés notamment la belle lumière. Dommage, on sent qu’avec un petit plus ce long métrage aurait pu être grand!