Woody Allen, 1993 (États-Unis)
Carol (Diane Keaton) s’ennuierait-elle de Larry (Woody Allen), son mari, pour préférer se lancer avec un copain, Ted (Alan Alda), dans d’invraisemblables conjectures sur la mort d’une vieille dame, leur voisine de pallier ? Invraisemblables ? Peut-être pas tant que ça… Et Larry, angoissé chronique, à qui l’excitation fait débiter un tas de répliques amusantes sur un ton tantôt effrayé, tantôt agacé, est bien malgré lui entraîné dans une enquête criminelle.
Meurtre mystérieux à Manhattan est une comédie aux allures de film policier… A moins que cela ne soit le contraire. On ne se prend pas vraiment au sérieux (drôlerie des situations et des dialogues, mise en scène un brin exagérée par ses nombreux zooms accusateurs) même si les personnages, eux, sont passionnés par les découvertes qu’ils font et qui vite confirment les sombres hypothèses émises quant à la mort de la pauvre voisine. Larry est contraint de s’intéresser un peu à la mystérieuse affaire s’il ne veut pas que Carol s’éloigne trop de lui. En outre, il y mêle Marcia (Anjelica Huston), une romancière qu’il édite et qui les aide, grâce à une stratégie qu’elle emprunte au poker, à coincer le coupable (Jerry Adler).
Deux scènes sont éblouissantes dans ce film. La première est celle de l’ascenseur, un mélange subtil de comique, de suspense et d’angoisse (Larry claustrophobe, Carol essayant tant bien que mal de le calmer et de trouver une solution jusqu’à ce que le cadavre leur tombe quasiment sur les bras). La seconde, c’est le final dans lequel, derrière un écran de cinéma où l’on projette La dame de Shangaï (Orson Welles, 1948), l’assassin est poursuivi au milieu de miroirs qui se cassent en même temps que retentissent les coups de feu.
Deux très beaux plans aériens et nocturnes (au commencement du film et plus loin) mettent la métropole en valeur, ses artères, ses gratte-ciel et ses ponts tachetés d’une multitude de lumières. Nous sommes au cœur de New York. De l’East Village (le crime est signalé au commissariat de ce quartier assez pauvre), à l’Upper West Side (quartier bourgeois dans lequel on voit Carol et Larry sortir du superbe Metropolitan Opera sous le prétexte célèbre que trop de Wagner donne à Woody l’envie d’envahir la Pologne), les personnages parcourent les avenues de Manhattan de long en large.
L’ensemble est cultivé (les personnages multiplient les références à la littérature, au cinéma, à l’art en général ; les milieux sociaux évoqués par Woody Allen dans ses films, à une ou deux exceptions près comme Accords et désaccords en 2000, sont sensiblement les mêmes, souvent bourgeois) et très nerveux, plein de verve et pince sans rire, c’est du Woody Allen et du meilleur.
OUI MAIS!
Ce qui me gêne dans ce film c’est toute cette agitation, cette gesticulation que déploie Woody Allen. Il en fait de trop ! En version française le doublage n’arrange d’ailleurs rien, tous ces bavardages incessants, ces bafouillages nuisent au film, Woody surjoue et c’est particulièrement désagréable à mon sens. Dommage donc, mais dès lors qu’il reste derrière sa caméra, Woody sait faire de bons films à l’image de Match point (2005), Le rêve de Cassandre (2007) et tout dernièrement Vicky, Cristina, Barcelona (2008).
Je ne suis pas d’accord avec toi. Woody acteur c’est quelque chose ! Et ne pas l’aimer en tant qu’acteur, c’est amputer l’essentiel de son œuvre.
Dans la filmographie de Woody Allen, Meurtre mystérieux à Manhattan fait partie du haut du panier. Il est supérieur à au moins deux des films que tu cites (je n’ai pas vu Le rêve de Cassandre). La visite de New York n’est pas faite de clichés contrairement à celle de Londres dans Match point ou, pire (même si le point de vue touristique des deux charmantes Américaines l’impose), celle de Barcelone dans Vicky, Cristina, Barcelona.
La version française est à éviter.