Stéphane Brisé, 2009 (France)
Le sujet, intemporel, est on ne peut plus ordinaire : une histoire d’amour naissante, un adultère en devenir et les difficultés de vivre et d’assumer ce coup de foudre pouvant mettre en péril un couple. Jean (Vincent Lindon, parfait dans son rôle de père), croise la route de Véronique (Sandrine Kiberlain), « Mademoiselle Chambon », l’institutrice de son fils. Entre eux, beaucoup de pudeur, de non-dits et surtout des sentiments naissants très forts. Mais aussi une vraie dualité pour Jean, partagé entre cette irrésistible attirance et la culpabilité qui en découle vis à vis de sa femme, d’autant plus lorsqu’elle lui apprend qu’elle est à nouveau enceinte.
Mademoiselle Chambon est un mélodrame minimaliste, tourné avec une sensibilité extrême grâce à un style épuré au possible : longs plans-séquences, caméra fixe, silences prolongés… Stéphane Brisé prend le temps de filmer l’émotion intériorisée, la mélancolie, avec pour seul support musical quelques notes de piano et le violon à fleur de peau de l’institutrice. Le rythme est donc lent, très lent, contemplatif même… On se retrouve par là même au cœur des sentiments de ces personnages jamais véritablement heureux. La morosité et l’austérité ambiantes pourront en rebuter plus d’un, pour ma part j’ai trouvé cette histoire à la fois belle et douloureuse, pleine de charme et de sensualité. Le couple Vincent Lindon / Sandrine Kimberlain (qui joue à nouveau le rôle d’une institutrice ce mois d’octobre 2009 comme dans Le petit Nicolas de Laurent Tirard) est à la fois très juste et vraiment touchant, surtout lorsque l’on connait leur passé commun. Loin des productions actuelles qui en mettent plein la vue, Mademoiselle Chambon ne répond à aucun des critères commerciaux habituellement utilisés. Mademoiselle Chambon est un film modeste comme il est rare d’en trouver, une démarche artistique véritable récompensée par la réussite du projet.