John Carpenter, 1992 (États-Unis)
Tout l’enjeu du film repose sur la possibilité qu’a l’homme invisible de pouvoir transformer son coup d’un soir en relation durable. Ça commence par une drague de balourd dans un club de nantis. L’affaire est aussitôt emballée, dans les toilettes pour dames, c’est raffiné. Avec la blonde documentariste qui parcourt le monde, le courtier esseulé a l’impression d’avoir atteint des sommets et s’y accroche, jusqu’à ce bête accident de tasse de café qui rend le type absolument transparent. La fille avait-elle trop bu ? S’est-elle rendue compte trop tard de son erreur ? Comment Nick Halloway retrouvera-t-il Alice Monroe ? Comment le comique Chevy Chase, apprécié des shows télés (le Saturday Night live entre autres), mais rendu totalement gauche par son invisibilité, pourra-t-il charmer pour de bon Daryl Hannah, l’acrobatique Pris de Blade runner (1982) et la sirène de Splash (1984) ? Avec toutes ces questions en tête, le bonhomme en passe alors par de drôles d’angoisses, sexe effacé sous le peignoir face à la belle offerte en bas et dentelles, crainte de l’excitation sexuelle incontrôlée… On a l’impression soudaine qu’à San Francisco, Nick Halloway partage les mêmes tourments que John Ferguson dans Vertigo (1958).
Mais un peu comme dans La mort aux trousses (1959) (précisons de suite que ces références à Hitchcock sont à peu près nulles dans le film), il faut que le type soit injustement poursuivi par une obscure organisation gouvernementale et finisse, héros malgré lui, dans le plus grand bonheur. Celui-ci s’accomplit sur les pistes de ski en Suisse et sa femme enceinte l’attend au chaud devant un feu de cheminée avec deux infusions de camomille. Dans les années 1990, le playboy loser des grands centres d’affaires pouvait tenir le rôle de victime, de modèle et de personnage principal à qui on offre une happy end, même dans un film réalisé par John Carpenter. Dans le rôle du poursuivant, David Jenkins interprété par Sam Neill qu’il n’est pas fréquent de voir camper les gros détraqués. Carpenter le retient et le fera déraper plus tard dans son Antre de la folie (1995).
Adapté du best seller du moment, Memoirs of an invisible man de Harry Saint (1987), le film est une commande que Carpenter ne sait pas refuser à la Warner. C’est un des films les plus chers de sa filmographie (avec Los Angeles 2013, 1996), mais c’est aussi celui qu’il aime le moins. « Au final, Les aventures d’un homme invisible est, définitivement, le film de quelqu’un d’autre » dira-t-il plus tard (Stéphane Bouley, L’œuvre de John Carpenter: Les masques du maître de l’horreur, éd. Third, 2019). On peut tout de même sauver deux trois trucs, comme le décor de l’entreprise Magnascopic, en cube géant balafré de transparence, ou la restitution nonchalante d’un sac volé au détour d’une scène… Le film n’est certes pas déplaisant. Il est raté simplement.
Ouille.Ça me paraît un peu faible comme scénario .On va passer alors.
Merci d’avoir annoncé la couleur dès le debut de la chronique.. Ah! Ah!