Greg Olliver, Wes Orshoski, 2010 (États-Unis)
Si les biographies et documentaires musicaux traitent en général d’artistes connus et connaissent un succès planétaire (citons Shine a light de Martin Scorsese en 2008), d’autres dressent plus confidentiellement le portrait d’artistes à la popularité limitée. C’est le cas avec Lemmy du réalisateur Greg Olliver qui, avec l’aide du journaliste Wes Orshoski, s’attaque à un mythe du heavy metal : Lemmy Kilmister.
Ce dernier n’est pas connu du grand public. Pourtant son groupe Mötorhead a révolutionné la musique rock en mêlant le punk et le heavy, donnant ainsi naissance à un nouveau style : le speed metal. Les deux investigateurs se sont donc plongés pendant plus de trois ans dans l’intimité du chanteur en le suivant chez lui, à son domicile mais également en tournée à travers le monde. Olliver et Orshoski ont également rencontré de nombreux artistes dont certaines légendes du rock (Dave Grohl de Nirvana ou le groupe Metallica), ce qui montre l’influence du personnage sur le punk, le grunge et le metal.
Le film montre un personnage secret, atypique et excentrique. On sourit beaucoup lorsqu’on découvre l’intérieur de son appartement. Quel désordre ! Les deux enquêteurs ont avoué qu’il n’y avait aucune place où s’asseoir. Le logement est encombré d’objets de toutes sortes : statuettes, bouquins, armes blanches et surtout, des pièces d’équipements militaires. Car Lemmy est un collectionneur et un passionné de la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui nous amène au coté polémique du personnage, puisque Lemmy n’en fait qu’à sa tête et n’a cure de l’avis d’autrui. C’est ainsi qu’il peut se produire sur scène avec un chapeau de tunique bleue ou bien une casquette d’officier SS. Pour la sortie du film en Allemagne, les deux réalisateurs ont même dû retirer la séquence où il conduit un Panzer. Malgré tout, Lemmy a toujours démenti être un nazi, affirmant pour nous en convaincre être sorti avec des filles noires. Dans une précédente interview, il avait déclaré avoir voulu suivre les conseils de ses détracteurs qui évoquaient sa ressemblance à la fois avec Jésus et Hitler…
Olliver et Orshoski montrent donc un personnage sur qui il y a beaucoup à dire. Mais au-delà, c’est un véritable documentaire sur le rock n’ roll qu’ils proposent avec ses excès (drogue, alcool, sexe) et ses succès (reconnaissance internationale du public). Ce film s’adresse donc aux fanatiques du groupe et de sa musique mais également à tout curieux de l’histoire de la musique rock.