Emmanuel Mouret, 2009 (France)
Jean-Jacques (Mouret lui-même) confie à Ariane (Frédérique Bel) sa rencontre tout à la fois organisée et subite avec une inconnue dans un café. Ariane est convaincue que si Jean-Jacques ne revoit pas cette femme, l’aventure dans la tête de son amant se muera en obsession. Laisser le germe de l’adultère se développer à son insu serait une erreur, elle préfère encourager Jean-Jacques à chercher avec la jeune femme du café l’occasion d’une intimité partagée. Or, ni l’un ni l’autre ne savent encore que l’inconnue (Judith Godrèche), excès et limite du scénario, est la fille du président de la République…
Les dialogues très écrits compensent sans déplaisir (Judith Godrèche exceptée) les jeux effacés des acteurs. Emmanuel Mouret n’a pas tout à fait l’aisance dont Pierre Richard fait montre dans les comédies d’Yves Robert (Le grand blond, 1972, Le jumeau, 1984), de Veber (La chèvre, 1981), ou dans les siennes propres (Le distrait, 1970). Il n’a pas non plus l’excellence de Peter Sellers (Quand l’inspecteur s’emmêle, Blake Edwards, 1965…). Mouret tend cependant vers les grands maladroits que ces deux acteurs ont incarné et les situations grotesques, dans lesquelles il entraîne son personnage, sont forcément amusantes : l’entrevue avec le ministre japonais entre deux précieux vases, une histoire de braguette sur laquelle se penche la bonne élyséenne (Déborah François), la séquence de la soirée et la scène des toilettes qui sont des réminiscences de La party de Blake Edwards (1969). Pantomimes et bande son réduite, personnage parfois dépassé par la modernité (l’ascenseur parlant), Tati non plus n’est pas loin (Playtime, 1967).
La première séquence traite du désir frustré de l’homme. Dans la dernière, après avoir renoncé à des envies qui lui ont beaucoup coûté, Jean-Jacques rejoint Ariane. Deux portes d’entrée et deux adresses pour un même appartement qu’ils partagent, faut-il l’interpréter comme la coexistence possible en un même couple de deux conceptions différentes de l’amour ? Fais-moi plaisir ressemble beaucoup à Changement d’adresse (2006, aussi avec Frédérique Bel et dans lequel apparaissait déjà Dany Brillant en amant de passage), les gags y sont plus nombreux. Bien que les comédies d’Emmanuel Mouret ne proposent rien de nouveau, elles installent dans une ambiance et une humeur agréables aux spectateurs.