Departures (Okuribito)

Yojiro Takita, 2009 (Japon)

Daigo Kobayashi est violoncelliste et jouer la Neuvième de Ludwig van Beethoven ne correspond pas tout à fait à son tempérament. L’hymne à la joie retentit avec force dans le Sumida Triphony Hall de Tokyo. L’orchestre de Daigo la joue pourtant pour la dernière fois. Le violoncelliste et sa femme Mika doivent aller chercher du travail ailleurs… Ce sera à Yamagata dans sa province natale. Le jeune couple emménage dans la maison familiale, Daigo s’initie auprès d’un professionnel à la préparation des morts avant la mise en bière.

Au Japon, la toilette et le maquillage des morts se font devant la famille. Le rituel est théâtralisé par Takita. D’une infinie délicatesse, chaque geste compte. La manipulation du linceul et du kimono avec lesquels sont revêtus les morts gagne un certain cousinage avec l’origami. Dans la tradition shintoïste, le contact avec la mort (comme le sang) est impur, c’est pourquoi les métiers de préparateur de corps ou employé de pompes funèbres sont mal considérés au Japon. Takita juxtapose alors en contrepoint chair animale et repas vorace pour évoquer le dégoût suscité par ce contact avec les cadavres. D’ailleurs, Mika n’accepte d’abord pas l’occupation de son mari. L’autre thème du film est celui de l’absence du père, visage flou d’un souvenir d’enfance, à qui Daigo n’a jamais pardonné de l’avoir abandonné lui et sa mère. Le pardon du père viendra avec l’acceptation progressive de Daigo et de son métier par son entourage…

Si Yojiro Takita écarte L’hymne à la joie dès le début et nous invite au deuil de plusieurs familles, cela ne l’empêche pas d’opter le plus souvent pour un ton gai et décalé (les premiers pas de Daigo dans le métier). Les acteurs sont tous attachants Masahiro Motoki (Daigo), Ryoko Hirosue (sa femme ; qui a commencé à tourner dans un film de grand intérêt, Wasabi de Gérard Krawczyk, 2001), Tsutomu Yamazaki (le sage patron)… Toutefois, le plaisir à voir Departures est légèrement gâché par des défauts qui, on le devine aisément, n’ont pas été considérés comme tels par le public japonais (40 millions de dollars de recettes dans le pays nous apprend Camille Pollas sur Critikat) et américains (Oscar du meilleur film étranger). Si nous prenons plaisir à reconnaître et à écouter la musique de Joe Hisaishi, il faut regretter son utilisation abusive des cordes, par moments pleurnichardes. Pourquoi le piano vient-il en off gêner le violoncelle dont les vibrations seules suffisent ? Pourquoi l’orchestre s’en mêle-t-il ? Lorsque la musique prend ces libertés quant aux images, elle altère les scènes par des émotions faussées. A l’inverse, Still walking d’Hirokazu Kore-Eda (2009), qui indirectement traite aussi de la mort, a toute la retenue, et de ce fait une intensité plus sincère, qui manque à Departures.

Une réponse à “Departures (Okuribito)”

  1. Tout d’abord il faut dire que je ne considère le film ni comme une comédie, ni comme un musical…
    Je le considère plutôt comme un mélodrame. Et d’ici toutes les données du genre. Parfois très émouvant, parfois très lyrique, parfois un peu exagéré, parfois un peu prévisible.

    Trop des coïncidences gâchent le film vers la fin, à mon avis:
    – le retour de la femme – enceinte
    – l’autre femme qui avait elle aussi quitté son enfant.
    – et ce que j’ai pensé tout le film: oui, il va faire comme son père…

    Enfin, le film est plein d’émotion, de très belles images, et la façon dont le thème de la mort est abordé mérite toute l’admiration: simplicité, natural, poésie.

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