Guillermo del Toro, 2002 (États-Unis)
Comme Richard Matheson dans Je suis une légende paru en 1954 (voir l’adaptation de Francis Lawrence), Marv Wolfman et Gene Colan, les créateurs de Blade (héros né dans les années 1970 du comic book Tomb of Dracula), envisagent le vampirisme sous un aspect médical. Dans leurs histoires, être vampire c’est avant tout être malade. L’affection est virulente et contagieuse et chaque individu atteint, devenu monstre, est à son tour tératogène. De l’humain au vampire, il n’y a ni mort, ni renaissance. Dans Blade, les principales caractéristiques de la maladie restent la soif de sang, l’intolérance extrême à la lumière du soleil et à l’ail. Mais le mythe du loup-garou contamine celui du vampire puisque ce dernier meurt aussi troué par une balle en argent ou découpé par une lame du même métal.
Quelques idées traversent cette nouvelle aventure du diurnambule (« the daywalker »). Blade (Wesley Snipes) délivre son compagnon Whistler (Kris Kristofferson) qui a été durant deux années captif des prédateurs aux dents longues. Infecté, il s’est trouvé dans un état qui n’était pas celui du vampire, mais n’était plus tout à fait celui de l’humain… La situation est censée être plus complexe en raison de la présence de Scud (Norman Reedus), nouvel assistant technique de Blade et méfiant à l’égard de Whistler. A qui donc accorder sa confiance ? La mutation du virus responsable du vampirisme entraîne un nouveau danger sur Terre : les sujets infectés sont physiquement plus puissants, dotés d’un appareil masticatoire visqueux avec crochets acérés et deviennent une menace non seulement pour les hommes mais aussi pour les vampires. Pour affronter Jared Nomak, le premier agent pathogène porteur de ce nouveau type de virus, Blade doit s’associer à un groupe de vampires entraînés… pour le liquider lui, le diurnambule (Ron Perlman appartient à cette coterie de tueurs et plaît suffisamment au réalisateur mexicain pour incarner Hellboy en 2004 et en 2008). La question est à nouveau posée : à qui accorder sa confiance ? En outre, l’idée du prédateur à son tour chassé et déclassé sur la pyramide alimentaire est un point de départ séduisant. Malheureusement, le scénario ébauche avec paresse ces différents thèmes et se concentre sur l’action sans plus d’ambition. Guillermo del Toro sait créer du rythme, ce qui est déjà pas mal, mais il ne suffit pas à pallier les défauts du métrage, non pas la pauvreté scénaristique car l’histoire est enrichie de rapports familiaux entre vampires, le maître carnassier et ses enfants, mais plutôt celle du langage cinématographique. Les thèmes évoqués mériteraient d’être traduits à l’image par la réalisation. Or les seuls efforts perçus qui vont dans ce sens-là (mise en scène, mouvements de caméra, montage…) servent uniquement pour des combats très inspirés par les jeux vidéos…
Visuellement, cette suite n’apporte pas non plus grand chose d’intéressant (la douche d’hémoglobine du premier volet, en 1998, nous avait marqué !), pas même lorsque les personnages évoluent dans les sous-sols de la ville de Prague. Guillermo del Toro parcourait déjà des égouts, à New York dans Mimic (1997). Blade marie horreur, super-héros et arts martiaux dans une ambiance electro-goth (tatouages tribaux et musiques rythmées) mais tout ceci n’est qu’une ennuyeuse fanfaronnade. Quant à savoir ce qui plaît tant aujourd’hui chez del Toro, cela reste pour moi un mystère.
Alors en vacances t’as le temps de regarder tous les films à la télé ! Blade II, même si je ne l’ai pas vu (juste quelques minutes, ça m’a suffit…) a tout ce que je déteste : du 1er degré sans une once d’humour valable et des effets « je t’en mets plein la vue »… Bref, pas du tout pour moi, je préfère ce qu’a fait del Toro après (lire tout le bien que je pense de lui dans mon « papier » sur Hellboy II), je viens d’ailleurs de me procurer Le labyrinthe de Pan, et cela semble bien plus dans mes goûts que ce genre de films de super-héros bien creux…