Paul Verhoeven, 2006 (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Pays-Bas)
Après vingt ans passés à Hollywood ponctués de succès (Robocop, 1988, Total recall, 1990, Basic instinct, 1992) et au moins un échec (Showgirls, 1995), Black book marque le retour de Paul Verhoeven dans son pays natal, les Pays-Bas. Durant l’Occupation allemande, une jeune juive, Rachel Stein, ayant miraculeusement échappé au massacre de sa famille, rejoint la Résistance hollandaise qui la charge d’infiltrer la Gestapo locale en devenant la maîtresse du commandant. La mission est dangereuse. Sa véritable identité ne va-t-elle pas être découverte ? Ne sera-t-elle pas considérée comme collaboratrice à la fin de la guerre ?
L’histoire, bien que quelque peu romancée, est inspirée de faits réels. Le « carnet noir » a bel et bien existé aux Pays-Bas. Il renfermait le nom des traîtres qui avaient aidé les nazis. Il s’agissait pour Paul Verhoeven de montrer les souffrances durant la période d’Occupation et d’expliquer que la guerre ne s’est pas forcément terminée à la Libération. Il s’attaque ainsi à des sujets encore tabous aujourd’hui : l’épuration et les règlements de compte envers les collaborateurs après 1945 qui ont entraîné de nombreux excès.
Sans hésitation, Black book est une grande réussite. Malgré sa longueur (2h30), l’histoire est constamment rythmée par les scènes d’action et par le suspense. Les rebondissements sont nombreux. Carice van Houten qui joue l’héroïne est crédible dans son rôle et flamboyante. Évidemment, Verhoeven joue une fois de plus la carte de la provocation en filmant une histoire d’amour impossible entre un officier allemand et une juive. Il prend également des risques en décrivant l’ambiguïté des attitudes de « résistants » et donc celle de l’être humain. Le talent du réalisateur fait toutefois la différence.
Black book est un film captivant. On peut simplement regretter qu’il ait été si peu distribué en France à sa sortie.
Verhoeven s’appuie sur un récit qui n’amène pas grand chose durant la première heure et dont l’intérêt ne se révèle que lorsque les troupes anglaises défilent dans les rues de la capitale hollandaise. Les retournements de situation sont le véritable atout du film : le passage de bourreaux à victimes ou l’inverse, le vilain médecin résistant (Thom Hoffman) et le gentil nazi (Sebastian Koch, le dramaturge de La vie des autres de von Donnersmarck, 2007). Malheureusement, le seul motif de vengeance mis en valeur au final est très réducteur pour les personnages, le récit et certainement le contexte.
Les seins de Carice sont superbes. Mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur sujet pour ainsi les exposer. Les propos crus par moment m’ont dérangé (comme cette scène plutôt odieuse de masturbation prétextant une coloration pour cacher sa judéité !) et l’on se demande si Verhoeven fait une différence entre Las Vegas au milieu des années 1990 (Showgirls) et La Haye à la fin de la guerre.
Je préfère largement quand le réalisateur traite de science-fiction.
Pardon d’orienter les commentaires vers un ton plus graveleux mais je suis d’accord avec Benjamin, les seins de Carice Van Houten sont absolument parfaits.
Dans mes souvenirs, ce film était romanesque à souhait, très bien rythmé et confirmait que Verhoeven était toujours un obsédé sexuel (mais après ce que je viens d’écrire, je ne lui jette pas la pierre).
Quant aux provocations, elles me paraissent tout de même bien légères d’autant plus qu’elles font penser au Pianiste de Polanski avec ses Juifs collabo et le nazi mélomane. Mais Polanski faisait ça mieux.