James Cameron, 1986 (États-Unis)
James Cameron ouvre grand le sas de dépressurisation et en laisse sortir toute l’atmosphère du précédent métrage (Alien, Scott, 1979). Les États-Unis ne sont plus gênés par un flou idéologique qui les pousserait au questionnement (l’après Vietnam par exemple) mais réaffirment avec Reagan (1981-1989) des prétentions hégémoniques dans les domaines politique et militaire. Aliens (ce que seul le pluriel suggère) n’est pas autre chose qu’une démonstration de force. Ellen Ripley (Sigourney Weaver) est enrôlée en tant que conseillère dans une mission de secours sur l’astre aux aliens. Autour d’elle, Bishop le nouveau droïde (Lance Henriksen), le traître employé par la « Compagnie » (Paul Reiser) et tout un bataillon de militaires, des armes énormes au bout des bras.
Chez Cameron la machine n’est plus à craindre. Pas de vaisseau endommagé, pas de robot menaçant (Bishop est plus sympathique que ne l’était Ash-Ian Holm). Sans elle, les hommes ne pourraient pas s’en sortir (le vaisseau commandé à distance pour fuir). Lorsqu’elle doit lutter contre la reine alien, aux manettes d’une armure robotisée, Ripley ne fait qu’un avec la machine. L’ennemi n’est plus mécanique, seulement monstres visqueux.
Terminator sort à peine des usines (1984) et Aliens en porte les marques. En dehors de Michael Biehn qui joue dans les deux films (Kyle Reese et le caporal Hicks), on trouve de fortes ressemblances entre les héroïnes, Sarah Connor (Linda Hamilton) et Ripley (la comparaison est d’autant plus pertinente avec Terminator 2 : deux mères, deux femmes qui en vain tentent de prévenir d’un danger pour l’humanité, deux combattantes). A cela s’ajoutent le détail d’un fusil à pompe et le paradoxe né d’un bond dans le temps (John Connor plus vieux que son père, Ripley plus jeune que sa fille).
Ripley a été mère et le devient à nouveau en protégeant la petite Newt, orpheline accueillie au sein du groupe. L’affirmation d’une plus grande légitimité de la maternité humaine est répétée. La survie d’une espèce passe par la mort de l’autre. Cette suite est brutale, le style tout autre.