A touch of sin (Tian zhu ding)

Jia Zhang-Ke, 2013 (Chine)

LE SUICIDE, RÉFLEXE ANIMAL

 

Jia Zhang-Ke mêle les formes et les genres. Dans toutes ses réalisations (depuis Xiao Wu, artisan pickpocket, 1997), fiction et documentaire sont mêlés. L’actualité qui apparaît dans ses films et souvent l’urgence dont il rend compte sont soutenues par la fiction, valorisées par la mise en scène et avec force susceptibles de marquer davantage les esprits. C’est comme si, dans un double contexte de mondialisation et d’envahissement de l’information, où les flux de tous médias déferlent et dans leur masse s’affadissent et se neutralisent, l’immixtion du cinéma dans la réalité filmée était plus à même de fortifier l’impact d’un discours et, peut-être en conséquence, d’impulser une action qui le dépasse.

Le reste de ce texte a paru dans la revue Zoom Arrière n°9, Les films de Jia Zhangke, 2025, p. 46-51, revue disponible en cliquant sur ce lien :

 

 

 

5 commentaires à propos de “A touch of sin (Tian zhu ding)”

  1. Tu me l’avais conseillé ce film ! Et tu avais bien raison, il est énorme et j’en ferai presque le meilleur de Jia Zhang-Ke si je n’étais si attaché à Still life (qui en dit presque autant, laisse la séduction exercée par les films de genre encore à l’écart et nous baigne dans une ambiance tranquille comme l’eau après le déluge).

    J’ai vu que vous avez laissé une note sur Black coal de Diao Yi’nan (2014) qui m’attirait et me paraissait sur quelques points comparable à A touch of sin.

  2. Approche intéressante que la vôtre, qui rejoint l’objectif revendiqué de Jia Zhangke : dresser un état des lieux de la folie s’emparant de son pays, depuis les quatre points cardinaux (Hitchcock faisait un peu la même chose, sur un mode plus ludique, certes, dans La mort aux trousses, dont le titre original, en référence à Shakespeare, indiquait la direction du récit, spatiale et amoureuse).

    Si Black coal vous intéresse, je vous conseille Gorky Park : on y retrouve une scène identique de patinoire, renvoyant aux ‘eaux glacées du calcul égoïste’ dénoncées par Marx et Engels, pour une fable politique sur la Russie en train de succomber à l’économie de marché au début des années 80… 

  3. Votre article est lui-même très plaisant, notamment par son lot de références.

    Il commence comme un avertissement sur une lecture simplifiée du film faite par des Occidentaux qui en effacent un peu rapidement les nuances (toutefois ces critiques que vous citez manquent-elles à ce point de discernement ?) pour ensuite se concentrer sur les nombreuses influences cinématographiques de Jia Zhang-Ke, fussent-elles chinoises, américaines ou européennes. Concernant ces dernières, j’ai été intéressé de lire les correspondances que vous faites avec Bresson. L’argent (1982) est un des seuls films que je connaisse de lui et je n’y avais pas pensé. Vous avez pourtant raison (et comment passer à côté ?), on retrouve bien dans A touch of sin cet exposé théorique sur ce qu’est l’argent, ce(ux) qu’il entraîne, le réseau serré et vicieux qu’il tisse.

    Votre remarque concernant les animaux est aussi très juste. Non plus seulement une icône pour figurer chaque personnage, mais aussi la possibilité d’entretenir un mystère et l’occasion à de vrais images de cinéma (elles créent la surprise et l’originalité, elles marquent les esprits et bien souvent ce sont elles qui font les grands films).

    (A la fin de cette partie, permettez-moi simplement d’émettre une réserve, une seule, au sujet des « puissances cosmiques du cinéma ».)

    Quant à la dernière question, parce qu’elle nous laisse croire à un retour au seul intérêt politique du film (alors que vous tentez de vous en écarter dans tout ce qui précède ou bien de lier cet intérêt à bien davantage), la déception à peine esquissée se trouve chassée par sa réponse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*