Alejandro González Iñárritu, 2005 (États-Unis)
A l’incompréhension entre les hommes et à leur dispersion dans le monde, ce que rapporte le mythe de Babel, correspondent l’éparpillement des idées qui jalonnent le récit et la quasi absence de relations qu’elles entretiennent. Le scénario de Guillermo Arriaga (21 grammes d’Iñárritu, Trois enterrements de Tommy Lee Jones) n’a ni rigueur ni consistance. L’aventure centrale du couple Brad Pitt – Cate Blanchett est la seule qui a un peu d’intérêt (la difficulté des parents à exprimer leur douleur après la perte d’un enfant) mais, autour, trois histoires font diversion. Perdue dans l’Atlas marocain, une famille est détruite par la balle tirée sur une touriste (Blanchett). A la frontière du Mexique et des États-Unis, un inutile épisode nous raconte comment les enfants de Pitt et Blanchett passent de fête à cauchemar (pourquoi tant de lourdeur avec les enfants ? Biutiful). A Tokyo, une adolescente sourde et muette ne se remet pas du suicide de sa mère. Cette dernière histoire est la seule qui reprend le thème de l’incommunicabilité mais son lien avec le couple d’Américains est ténu et dépourvu de sens (le fusil du père japonais offert au guide marocain et ayant blessé la touriste américaine). Dans Babel, contrairement à 21 grammes (2002) et Biutiful (2010), les acteurs ne nous éblouissent pas, encore qu’il n’y ait rien à leur reprocher*. De même, la mise en scène s’est affadie et devient maladroite (la multiplication des angles durant l’errance dans le désert, l’inanité d’un grand nombre de plans)**. Creuse et en l’absence de fondation, sans surprise, Babel s’écroule.
* Citons Koji Yakusho (Tokyo sonata, Kurosawa, 2008), Gael García Bernal (Carnets de voyage, Salles, 2004) ou Adriana Barraza (Jusqu’en enfer, Raimi, 2009).
** Pourtant, à Cannes, c’est bien à Iñárritu que le président Wong Kar-Wai décerne le prix de la mise en scène…
Je me souviens d’un film très démonstratif, vraiment lourd. Je n’ai jamais vraiment compris la bonne réception critique du métrage.
En tout cas félicitations pour votre 500e article (je ne sais si c’est celui-ci ou Biutiful).