Xavier Beauvois, 2010 (France)
Des hommes et des dieux reprend l’histoire tragique et réelle de huit moines vivant dans les montagnes du Mahgreb, en Algérie, dans les années 1990. Ceux-ci vivent en harmonie à Tibhirine avec une communauté villageoise et la religion de chacun est respectée. Mais, durant la période, une guerre secoue le pays. Des extrémistes religieux et l’armée fidèle au gouvernement s’affrontent. Les populations civiles et les ressortissants étrangers en sont les premières victimes. Pour les moines trappistes, qui refusent la protection armée de l’État algérien, la question est de savoir s’il faut partir, mais dans ce cas abandonner leurs « frères » de la région, ou bien rester avec le risque d’être tués.
Sept de ces moines ont effectivement été assassinés en 1996. Les extrémistes islamistes ont d’abord été montrés du doigt mais de récentes enquêtes ont établi que le rôle de l’armée a été bien trouble dans cette affaire (une bavure ?). Pourtant Xavier Beauvois prend plutôt le parti de montrer que ce sont les islamistes qui sont à l’origine des meurtres. Cela m’a un peu gêné, bien que les militaires du film semblent aussi bestiaux que les intégristes qu’ils combattent, et malgré la note expliquant le mystère laissé par la mort de ces hommes.
Pourtant cette polémique n’est pas l’objet du film que nous avons sous les yeux. Pour Xavier Beauvois, il s’agit de montrer le quotidien d’une communauté monastique : les prières, le travail de la terre et la lecture. Les contacts avec la population sont nombreux. Les moines font office de commerçant, de médecin, voire d’agent administratif (ils aident les habitants, souvent illettrés, à remplir les formulaires). Ils participent également aux fêtes. En retour, les villageois les aident dans les champs et pour la maçonnerie. Face à la barbarie, le réalisateur montre également une communauté en proie au doute et à la peur. On assiste aussi au long cheminement moral et spirituel qui les amène à rester dans la région.
Je me suis senti proche de ces hommes et de leurs peines. J’ai apprécié les comédiens (notamment Lambert Wilson ou particulièrement Michael Lonsdale, très attachant dans le rôle du vieux moine médecin). Les paysages (tournés au Maroc) sont superbes. Xavier Beauvois réussit une œuvre contemplative et émouvante.
Vie monastique et contemplation permettent d’établir un lien avec le beau documentaire de Philip Gröning, Le grand silence.
Des dieux et des hommes comportent plusieurs images fortes qui répètent le même procédé, un moment de paix que le montage rompt avec le bruit des moteurs et l’irruption de la violence. La première fois c’est la scène du chantier (qui voit l’assassinat des travailleurs étrangers) introduite par une pelle mécanique en mouvement face caméra et qui brise la sérénité de l’instant précédant. C’est la transition la plus marquante (avec celle de la scène de l’hélicoptère dont le moteur fracassant tente de couvrir le chant des moines). Regrettons simplement que cette façon de faire soit systématique.
La scène du repas sur Le lac des cygnes de Tchaïkovsky est dans son ensemble une réussite, jusqu’aux gros plans sur les visages où les sourires s’effacent.
Ce film ne m’a pas plu mais je poste tout de même un commentaire car il le mérite.
L’histoire de ce film est presque touchante dans la mesure où ces hommes sont morts pour leur unique amour qui est Dieu. Je ne suis pas spécialement une pratiquante, d’ailleurs je ne suis pas ici pour étaler mes avis religieux, mais on peut voir dans ce film, la fraternité, la solidarité, l’amour qui peut les unir.
J’ai notamment aimé l’action de pardon envers l’ennemi qui apprend et montre que pardonner et une façon d’aller au-delà de soi, d’avancer.
Si certaines personnes pensent que ce film est une longue monotonie religieuse, ils se trompent. Ce film offre une vision de l’amour profonde et pure telle qu’elle devrait être.
Et alors, en quoi vous a-t-il déplu ?
Il m’a déplu non pas pour son message et son contenu mais plutôt par les scènes souvent répétitives (les chants par exemple) qui, je trouve, lassaient un peu beaucoup pour deux heures de film. Quand j’aime un film, il doit me prendre, m’envoyer des émotions, je n’en ai pas eues pour ce simple détail, qui pour moi a une grande importance.