Alan Mak, Wai Keung Lau, 2003 (Hong Kong)
La mystique esquissée en introduction ne résiste pas à l’ambiance une fois le film lancé. Le sutra mis en exergue, le temple bouddhiste où la mauvaise graine est semée et le destin croisé entre Ming (Andy Lau, indicateur mafieux dans la police) et Yan (Tony Leung, flic en mission dans la triade hongkongaise) ne seraient qu’une inclinaison culturelle envers les croyances religieuses. Rien sauf la possibilité du choix entre le bien et le mal, ce qui ne rend pas l’objet plus asiatique ni moins commun.
Ce début de trilogie* est taché à deux ou trois reprises d’une exagération malvenue (le mièvre mélo avec la psy Kelly Chen, la mort du patron surlignée à gros traits).
Le modèle du calque scorcesien (Les infiltrés, 2006) possède malgré tout ses atouts : une mise en scène tendue pour un récit ramassé (une heure de moins que la version américaine), deux acteurs efficaces (amusante scène quand, loin de tout tracas, ils discutent hi-fi), la très changeante partition de Kwong Wing Chan (utilisation electro, rock, orchestration classique… ; générique quasi fantastique…), des paysages urbains marquants (baie de Hong Kong, étagement des voies de circulation…). Les réalisateurs ont aussi privilégié le téléphone au pistolet, moins souvent dégainé. De même, les déplacements prudents dans et sur les bâtiments plutôt que les courses-poursuites en voitures.
L’infiltration et ses séquelles n’est pas un sujet nouveau (Donnie Brasco de Mike Newell en 1997) et si Infernal affairs n’est pas dépourvu de style, il n’est pas impossible qu’il ait seulement profité d’un creux dans les productions comparables en Asie pour avoir été tant valorisé.
* Infernal affairs II et III sont tournés la même année (la spontanéité est une marque de fabrique à Hong Kong) avec peut-être la volonté de se hisser au niveau du Syndicat du crime de John Woo et Tsui Hark (1986-1989).
A peu près le même ressenti, donc.
Je serai curieux de voir Infernal affairs II et III… Peut-être apportent-ils un approfondissement, le premier restant vraiment à la surface des choses, certes parfois brillamment…
Pour rebondir sur la dernière partie de ce billet, je pense moi aussi que malgré ses qualités formelles, « Infernal affairs » a été un brin sur-évalué et ne possède pas la tension et l’énergie de bien des thrillers urbains ayant fait la réputation du cinéma de l’ex-colonie britannique.
Un peu trop froid et superficiel à mon goût.
Mais je n’ai pas vu les 2 suites.