Lucky Luke

James Huth, 2009 (France)

Si le cinéma américain est passé maître dans l’adaptation de ses comic books, principalement de super-héros, le cinéma français s’est également fait une spécialité de porter ses bandes dessinées sur grand écran, cela avec plus ou moins de réussite. Ainsi, en 1981 les Américains proposaient de donner vie à Popeye (Robert Altman) et les Français, même si Franquin est belge (!), à Gaston Lagaffe (Fais gaffe à la gaffe de Paul Boujenah). Parmi les autres adaptations, on retient surtout la franchise Astérix, qui profitent de moyens toujours plus colossaux, mais il y en a d’autres. Jugez plutôt : dans les années 1980, Je vais craquer de François Leterrier (1980) est l’adaptation de la BD La course du rat de Gérard Lauzier. Le même Gérard Lauzier adapte ensuite lui-même sa propre BD Souvenirs d’un jeune homme, rebaptisé P’tit con (1984). De la même époque on retient Le roi des cons et Vive les femmes ! (Claude Confortès, en 1981 et 1983), Tranches de vie (François Leterrier, 1985). Les années 1990 sont plus pauvres dans le domaine : Les Bidochon (Serge Korber, 1996) et surtout Astérix et Obélix contre César (Claude Zidi, 1999). Dans la décennie 2000, c’est l’explosion avec la suite des aventures d’Astérix (Mission Cléopâtre d’Alain Chabat en 2002 et Astérix aux Jeux Olympiques en 2008) ainsi que Le nouveau Jean-Claude (Didier Tronchet, 2002), Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire, 2003), Blueberry (Jan Kounen, 2004), L’enquête Corse (Alain Berbérian, 2004), Les chevaliers du ciel (Gérard Pirès, 2005), Iznogoud (Patrick Braoudé, 2005), Largo Winch (Jérôme Salle, 2008), King Guillaume (Pierre-François Martin-Laval, 2008) et aujourd’hui Lucky Luke ! Sans compter les Tintin sortis entre 1930 et 1976 qui font bientôt l’objet d’une trilogie réalisée par Peter Jackson et Steven Spielberg (ça promet !)… Bref, j’arrête là, les exemples ne manquent pas et on s’étonnerait presque que le cowboy solitaire n’ait pas été porté plus tôt à l’écran.

Au-delà du costume, Jean Dujardin, véritable transformiste (ben oui, le métier d’acteur peut aussi se résumer à ça, et dans ce domaine il est sévèrement concurrencé ce mois d’octobre par Franck Dubosc alias Cineman de Yann Moix), a capté les attitudes jusqu’au détail près qui permettraient d’identifier, même sans costume, le personnage de BD ! Certes, je le préfère cent fois dans son rôle d’agent secret ringard mais irrésistible (OSS 117, Le Caire nid d’espions et Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius en 2006 et 2009), pourtant il faut avouer que son interprétation de l’ « homme qui tire plus vite que son ombre » n’est pas si mal. Davantage « serial loser » (!) que sa version de papier, toujours au-dessus des piètres seconds rôles qui l’entourent : Michaël Youn en un Billy the Kid assez insupportable, Sylvie Testud qui passe de Sagan à une bien moins convaincante Calamity Jane et Melvil Poupaud en un fade Jesse James. Seul Daniel Prévost dans le rôle du méchant (forcément !) Pat Poker s’en tire avec les honneurs.

Le film en lui-même est un divertissement assez inégal : les vingt premières minutes sont plutôt bien, ça part fort façon vidéo-clip. Ensuite l’intensité chute de façon vertigineuse et les longueurs dues aux nombreux flash-backs se ressentent. Le rythme repart pourtant sur la fin et confère à l’ensemble un effet en dents de scie. Idem pour les gags : certaines trouvailles sont plutôt amusantes, voire franchement marrantes, d’autres beaucoup moins… Le drôle côtoie le bien lourd. Sinon, cela reste très soigné et le spectacle visuel est garanti (notamment un long et impressionnant plan-séquence à la fin où se succèdent les personnages principaux et de nombreux figurants.

L’impression générale est donc plus que mitigée : plutôt fidèle à la BD, le divertissement familial reste creux, Dujardin porte l’ensemble.

3 commentaires à propos de “Lucky Luke”

  1. Plus débile que Les Dalton avec Eric et Ramzy (Haim, 2003)? Etonnant d’ailleurs que ces personnages récurrents des albums de Lucky Luke soient oubliés par James Huth au profit d’une brochette de personnages plus rares dans les pages de la BD…

  2. L’impression que j’avais eue en voyant les trailers est bien trop mitigée (Luke frappant une femme, dialoguant avec son cheval : n’importe quoi…) pour que je m’arme de courage. Comme on dit dans ces cas-là : j’attendrai le passage à la télé.

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