Darren Aronofsky, 2006 (États-Unis)
A la manière d’un Danny Boyle, le réalisateur du fameux Requiem for a dream (2001) semble vraiment être en mesure d’aborder toutes sortes de cinéma : trois ans avant l’excellent The wrestler et la résurrection de Mickey Rourke, il réalisait ce film hors normes, à mi chemin entre conte, légende ancestrale et quête scientifique absolue, celle de l’immortalité. De ce point de vue, Aronofsky, par ce long métrage, se rapproche de l’univers de Guillermo del Toro en général et d’un certain Labyrinthe de Pan en particulier. Beaucoup de points communs lient ces deux œuvres, notamment l’habileté à mêler quasiment deux films en un : le réel et l’imaginaire, le concret et l’onirique. Aronofsky use lui aussi de nombreux symboles, de double sens et de métaphores pour cet essai à la fois intuitif, expérimental mais pas totalement abouti.
En effet, la fin est assez déconcertante et soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses, nous laissant le sentiment que le projet n’a pas été achevé. Mais aurait-il mieux fallu une fin « à l’américaine », pleine de logique et de bon sens où tout s’emboîte trop parfaitement ? Finalement, ce n’est peut-être pas si mal de laisser le mystère planer et surtout libre cours à l’interprétation personnelle du spectateur…
Pour en revenir au Labyrinthe de Pan, outre les thèmes de la vie et de la mort, on se retrouve ici aussi en Espagne mais à une époque bien plus reculée, au temps des conquistadors. Si les Mayas prédisent l’apocalypse (2012, le nouveau film catastrophe attendu de Roland Emmerich, déjà réalisateur du Jour d’après en 2004), ils ont aussi eu la chance de découvrir la source de la vie et l’élixir d’immortalité contenu dans un arbre si l’on en croit une belle légende…
Hugh Jackman*, le fameux Wolverine, incarne un scientifique dont l’histoire d’amour avec une mourante va à la fois sublimer ses recherches et l’aveugler, empêcher en lui lucidité et discernement…
Drapées dans une robe dorée d’une belle lueur chaleureuse, les images sont d’une grande beauté, nous transportant vers de célestes dimensions métaphysiques… Superbe musique également. Le tout début du film fait penser à l’esthétisme heroïc fantasy du Seigneur des anneaux puis passe à une imagerie maya telle qu’on l’aperçoit dans Apocalypto de Mel Gibson (2006)… Bref, les moyens alloués au réalisateur américain semblent avoir été largement supérieurs à The wrestler, qui fut réalisé avec le strict minimum, même s’il fut, dans un tout autre domaine, une incontestable réussite. Original et émouvant, The fountain propose un très beau voyage.
* Brad Pitt avait été pressenti au départ pour le rôle et devait former un couple avec Cate Blanchett… Ce qui aurait fait un peu beaucoup puisque nous les avions tous deux déjà vus dans Babel de Alejandro González Iñárritu (2006) et surtout L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher (2009).