Larry Charles, 2009 (Etats-Unis)
Mais comment décrire un tel ovni ? Comment arriver à parler de ce « film » de façon correcte et éviter la censure du rédac’ chef de La Kino ?! Mission impossible ? Probablement ! Mais je vais quand même tenter ! Hallucinant, c’est le mot. C’est sûr, je m’attendais à voir quelque chose de bien déjanté… Mais à ce point, ça frise l’exploit ! Brüno est tout simplement le film le plus irrévérencieux, le plus politiquement incorrect et aux farces du plus mauvais goût que j’ai jamais vu. J’avais déjà eu ma dose avec le désopilant Very bad trip (Todd Philips, 2009), mais là c’est puissance 10… Un véritable « champion du monde » ce Brüno je vous dis ! J’imagine les critiques assassines qu’il va récolter… Bref, tout ce que j’aime. Un bon gros pavé dans la mare de la connerie humaine sous toutes ses formes.
Le sujet tient en peu de lignes : on suit les tribulations de Brüno (Sacha Baron Cohen), un Autrichien gay particulièrement extraverti qui vient de se faire virer d’une émission de mode. Il souhaite à tout prix devenir une star mondiale et sa soif de célébrité n’a aucune limite… Lui non plus. Pour parvenir à ses fins, il tente tout (mais absolument tout !) et à n’importe quel prix ! Aux Etats-Unis et même au Moyen-Orient… Je n’en dirai pas plus, l’effet de surprise jouant pour beaucoup dans la réussite de ses sketchs : la découverte de certaines scènes et autres situations improbables laissent d’abord bouche-bée avant de faire place à un immense fou rire ! Vous avez déjà vu une salle de cinéma entière littéralement pleurer de rire pendant plus de la moitié d’un film ? Moi oui, avec ce film !
Dire que Brüno est une œuvre à part est un doux euphémisme (initialement baptisé Bruno : delicious journeys through America for the purpose of making heterosexual males visibly uncomfortable in the presence of a gay foreigner in a mesh t-shirt, traduisible par « Bruno : délicieux voyage à travers les Etats-Unis dans le but de rendre les hétérosexuels franchement gênés par la présence d’un étranger homosexuel portant un t-shirt résille » !!!)… Je suis encore sous le choc de tant d’impertinence, de tant d’audace, voire de tant d’inconscience (le making of s’avère d’ores et déjà indispensable pour connaître la part de ce qui est joué et de ce qui est tourné en conditions réelles)… C’est vraiment trash et jusqu’au-boutiste, mais à travers ce délire, Brüno dénonce, de la façon la plus originale et immensément drôle qu’il soit, l’homophobie, la télé poubelle, la religion dans ce qu’elle a de mauvais, le puritanisme, le racisme… Moi qui n’ait toujours pas vu Borat (Larry Charles, 2006), je sens qu’une séance de rattrapage s’annonce indispensable au regard de cette bombe foncièrement outrageante pour les bien penseurs !