Jean-Pierre Mocky, 1963 (France)
En 1963, la monnaie petite et moins petite tintait plus qu’aujourd’hui dans les troncs des églises. Mocky s’en sert de prétexte pour un chapardage de canaille qui avec de la persévérance et une indéfectible foi pour guide bascule sans crier gare dans le grand banditisme ; celui-ci ni tout à fait catholique, pas non plus très orthodoxe, est à ce point singulier que certains, surtout ceux qui évitent de justesse le panier à salade, tiendraient volontiers pour miraculeux. L’équipe du film réunit acteurs et techniciens qui deviennent pour plusieurs des fidèles de la paroisse Mocky, dont au premier rang et côté caméra seulement Bourvil, Francis Blanche et Jean Poiret.
La famille Lachaunaye dont aucun de ses membres ne travaille depuis six générations vient d’être saisie par l’huissier. Il lui reste bien un toit et le fauteuil du vieux paternel mais il faut agir. Georges (Bourvil) attend un signe. C’est dans les églises qu’il fréquente assidûment qu’il le trouve. L’inspiration le pousse alors à s’équiper en pinces et caramels mous à ficelle pour trifouiller les troncs de tous les saints de la Terre et en extirper pièce après pièce les fondements de la fortune familiale retrouvée. Les Lachaunaye passent ainsi sans jamais le prévoir de la fainéantise à l’expertise, de l’inaction en dilettante à la force de travail acharnée et de l’amateurisme d’un seul bigot à l’entreprise familiale pieuse, ou pour résumer de l’action de grâce aux actions boursières.
La farce est sympathique. Les gags et les jeux de mots défilent à belle allure. La satire n’est pas en reste. Aristocratie, police et Église sont gentiment moquées. On se course de chapelle en chapelle, on se chasse de confessionnal en cathédrale, on se « d’église » et on se trompe. Dans ce film en noir et blanc, on y rêve même en couleur, mais ironiquement (et le réalisateur, dont je ne connais encore que très peu le cinéma, paraît expert en la matière), ce n’est que pour s’y voir mourir avec poésie d’une rose plantée dans le cœur.