Joe Kidd

John Sturges, 1972 (États-Unis)

Les scènes qui présentent le personnage de Joe Kidd sont assez réussies. Au début, quand il porte encore un chapeau melon et une grosse cravate rouge, ses arrangements personnels avec la loi et la justice amusent. On sent que Kidd va en prison et se plie à des travaux d’intérêts généraux parce qu’il le veut bien. De même, la liberté qu’il prend avec une petite blonde rencontrée par hasard à l’hôtel est assez conforme à l’idée du héros séducteur, sûr de lui et sans gêne, rôle assez souvent endossé par Clint Eastwood. Et qu’importe si la dame en question s’avère la compagne d’un riche propriétaire terrien, son futur employeur puis son ennemi.

Ancien chasseur de prime, Joe Kidd a sa réputation et une redoutable efficacité dans l’action. C’est lui que Harlan, le riche propriétaire joué par Robert Duvall, veut embaucher. Luis Chama, interprété par le New-yorkais John Saxon (avec une énorme moustache), refuse de se laisser voler ses terres (celles notamment occupées par Harlan) et mène une lutte armée contre la spoliation foncière des Mexicains par les Blancs. Harlan veut donc traquer Chama pour le tuer.

L’histoire se déroule au Nouveau Mexique dans la petite ville de Sinola vers 1900. Pour l’anecdote, Lamarr, un des acolytes de Harlan (Don Stroud vu dans le Django Unchained de Tarrantino, 2012) possède un de ces pistolets à répétition automatique qui apparaît à cette époque. Le contexte d’une lutte paysanne des Mexicains pour la récupération de leur terre et l’hésitation de Joe Kidd pris entre deux partis (le riche propriétaire – et à travers lui le gouvernement américain – d’un côté, les Mexicains de l’autre) était une bonne occasion pour évoquer la période qui précède la révolution mexicaine et pour placer le film du côté des opprimés. Pourtant le récit n’insiste pas beaucoup dessus. Kidd rejette cependant Harlan comme le juge et le shérif de la ville (ce dernier prend un coup en plein visage à la fin sans vraiment comprendre ce qui lui arrive) et le héros adopterait plutôt le parti mexicain (comme en témoigne sa sympathie pour certains paysans). Mais Kidd agit surtout à ses fins et ses intentions ne sont pas toujours limpides : il finit par faire arrêter Chama et quitte la ville en compagnie de Helen, la compagne de l’insoumis (Stella Garcia).

Le film a d’autres qualités que ses personnages et ses acteurs, plus esthétiques que narratives cette fois : une photographie superbe que l’on doit à Bruce Surtees, des décors somptueux (parc du Yosemite en Californie et désert de l’Arizona) et une musique signée Lalo Schifrin. Pas un film inoubliable, pas un mauvais western non plus.

4 commentaires à propos de “Joe Kidd”

  1. Sturges, Eastwood, Duvall, Surtees et Shifrin (et je devrais même ajouter le scénario de l’immense Elmore Leonard), tout est là pour me ravir… et pourtant je garde un souvenir assez navrant de ce film. Peut-être devrais-je lui redonner une chance.

    • Sous différentes éditions, une version dvd sortie en 2003, un Blu-ray en 2013. Le film intègre également différents coffrets consacrés au western ou à Clint Eastwood. Assez facile à trouver donc. Mais pour pleinement profiter des paysages, j’imagine que la version blu-ray ou la diffusion télé vaut mieux que le simple dvd.

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